No document available.
Abstract :
[fr] Il semble que la recherche se soit abondamment consacrée à ces écrits professionnalisants de nature scientifique et/ou réflexive que sont les mémoires professionnels, les portfolios ou les journaux de bord. Mais si ces écrits visent à professionnaliser les enseignants, au sens où ils cherchent à leur faire acquérir des compétences professionnelles solides et des composantes identitaires positives (Beckers, 2007), ils restent généralement l’apanage du seul cursus académique. Une fois diplômés, les enseignants novices sont appelés à produire de véritables écrits professionnels, au rang desquels les préparations de cours occupent une place de choix. Dès lors, s’observe un hiatus certain entre les écrits en formation et les écrits du praticien. Ce hiatus peut s’expliquer et être légitimé par plusieurs motifs. Il n’en reste pas moins que les préparations de cours s’inscrivent au cœur du métier d’enseignant. Nous avons affaire à un écrit pleinement professionnalisant, mais aussi à un écrit professionnel tout à fait central dans la vie quotidienne des praticiens.
Pourtant, les préparations, pour omniprésentes qu’elles soient dans les cursus académiques préparant au métier et dans les pratiques des enseignants, constituent une sorte de point aveugle pour la recherche. Ainsi, dès 2002, Jaubert et Rebière estimaient que les préparations de cours des stagiaires avaient fait l’objet de très peu d’investigations : or, insistent-elles, la préparation écrite constitue un écrit traditionnel emblématique pour la culture du monde enseignant (2002 : 130). L’ouvrage édité par Daunay (2011) à propos des écrits professionnels des enseignants consacre certains de ses chapitres à cette problématique, mais de très nombreuses questions restent à envisager. Un récent numéro des Cahiers pédagogiques (n°518, 2015) quant à lui, se penche sur les écrits professionnels des praticiens en exercice. Précédemment (Scheepers, 2013), j’ai pu interroger des enseignants, novices ou chevronnés, sur les stratégies qu’ils utilisent pour planifier leur intervention didactique. Mon article dans le Français aujourd’hui (Scheepers, 2014) envisage notamment les postures adoptées par les stagiaires dans leurs préparations et les spécificités propres aux séquences visant à faire écrire les élèves. Une autre de mes contributions (Scheepers, à paraître) envisage un corpus de plusieurs dizaines de préparations écrites par des stagiaires sous l’angle du triangle didactique (Houssaye, 1988), ce qui permet d’examiner comment se déclinent dans ces traces sémiotiques spécifiques ces trois dimensions que sont l’élève, le savoir et l’enseignant. Mais, en matière de préparations de cours, beaucoup reste à faire sur un plan scientifique.
Lors de cette table ronde, je tenterai d’établir une synthèse quant à mes recherches relatives à la planification des apprentissages, dimension centrale pour l’entrée dans le métier d’enseignant.