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Abstract :
[fr] Au cœur d’un cahier individuel, des élèves du primaire sont invités à consigner de façon quotidienne quels furent leurs apprentissages, leurs difficultés, leurs démarches de résolution de problèmes… Dans son journal des apprentissages, l’enfant est incité à opérer un retour réflexif, d’ordre métacognitif, sur ses savoirs, ses stratégies de subjectivation des savoirs… Le journal peut être dialogué : dans ce cas, le diariste en herbe échange avec son instituteur ou un futur enseignant, lequel lui adresse une lettre individualisée, supposée étayer le processus scriptural. Autour des journaux, se nouent des interactions orales relativement ritualisées dans la mesure où, chaque matin, les élèves qui le souhaitent peuvent lire l’entrée qu’ils ont rédigée la veille : pairs et enseignant saisissent alors l’opportunité de questionner, commenter, discuter le texte lu. S’opère dès lors un délicat tressage entre pratiques langagières orales et scripturales, entre activités opératives et réflexives, entre soi et autrui.
Très présent dans le monde anglo-saxon depuis les années soixante, le journal des apprentissages a émergé en France tardivement, au début des années 2000, sous l’impulsion des travaux de Crinon. Le journal s’inscrit dans le paradigme socioconstructiviste, car le dispositif, à la fois levier et témoin des apprentissages scolaires, repose sur de multiples médiations sociales et instrumentales. Dans le cadre de cette contribution, le corpus recueilli sera interrogé sous cet angle : le journal des apprentissages, un outil de légitimation ou de régulation des tâches scolaires ?