[fr] Bien que placée dès sa préface sous le signe de la recherche du plaisir, l’Histoire de ma vie évoque très souvent le dégoût et lui assigne un rôle important dans l’intrigue, dans la caractérisation du protagoniste, dans ses réflexions sur l’amour ou dans la création d’effets comiques. Surtout perçu dans sa dimension physique et attribué à Casanova lui-même, le dégoût tend à être provoqué par des objets sexués, donc souvent par des femmes – les boutonneuses, les prostituées, les vieilles... Mais il n’est pas question de choquer le lecteur par des évocations dégoûtantes. Des normes sont maintenues : esthétiques (il s’agit de « bien peindre »), individuelles (Casanova a avoué ses gros goûts et son attrait pour le haut goût) et morales (mais il s’adresse à des initiés). L’absence et la disparition du dégoût sont également souvent notées, qu’elles renvoient à une stratégie d’évitement, à une incompatibilité du dégoût avec l’amour ou à une insensibilité protectrice. Il faut s’interroger aussi sur la suspension du dégoût chez le lecteur, pourtant confronté à des éléments racontés qu’il pourrait juger répugnants – n’est-ce pas là le signe que Casanova parvient à nous imposer sa vision ?
Disciplines :
Literature
Author, co-author :
Tilkin, Françoise ; Université de Liège > Département de langues et littératures romanes > Littérature française (17è et 18è s.) et analyse textuelle