Abstract :
[fr] Introduction :
Dans un couple, le développement d’un cancer chez un des partenaires peut être source de déséquilibre dans leur relation qui mènera à la perception d’iniquité. L’équilibre d’une relation dépend de deux facteurs généraux : l’investissement et les bénéfices, subdivisés eux-mêmes en sous-investissement / surinvestissement et sous-bénéfice / sur-bénéfice. En oncologie, le sous-investissement est principalement ressenti par les patients qui ont l’impression de ne pas apporter suffisamment de soutien à leur partenaire sain. À l’opposé, le surinvestissement est généralement ressenti par les partenaires sains qui ont l’impression de s’investir trop dans la relation. De même les patients ont l’impression de recevoir une quantité de support et de récompenses supérieure à ce qu’ils méritent, un sur-bénéfice alors que pour le proche il s’agit plutôt du sentiment de sous-bénéfice, c’est-à-dire, la sensation de recevoir trop peu de support et de récompenses dans la relation (Cf. Ybema & al., 2001 ; Kuijer, R. & al., 2004 ; Pinkert, C. & al., 2013).
Méthodologie :
Dans l’étude 1, 37 conjoints sont répartis aléatoirement (GE versus GC) ; dans l’étude 2, 23 couples sont randomisés en 2 groupes (GE vs GC). Avant et après l’intervention, tous complètent différents questionnaires psychologiques.
L’étude 1 compare l’efficacité de la combinaison de deux méthodes d’action «hiérarchisation des besoins psychosociaux et résolution de problème» (Groupe expérimental, GE) à l’utilisation d’une seule : la hiérarchisation (Groupe contrôle, GC); elle vise une diminution du sentiment d’iniquité chez le conjoint.
L’étude 2 évalue si la combinaison produit des résultats différents selon que le conjoint est accompagné du patient (Groupe expérimental, GE) ou non (Groupe contrôle, GC) ; elle vise une diminution du sentiment d’iniquité à la fois chez le conjoint et le patient.
Résultats :
Dans l’étude 1, les comparaisons indiquent une diminution du nombre de besoins psychosociaux importants et insatisfaits chez les conjoints du GE (F = 9.08 ; p = .006) mais une absence de prédominance d’une des deux dimensions de la perception d’iniquité sur l’autre.
Dans l’étude 2, 57% des conjoints rapportaient une expérience positive (bienfaits du dialogue, changement comportemental) mais celle-ci est davantage rapportée dans le GC que dans le GE. Les résultats indiquent une amélioration de la satisfaction liée au besoin sélectionné (F = 19,94 ; p = .000) mais pas de diminution significative de la détresse (F = 2,44 ; p = .135). Le sentiment de sous-investissement et de sur-bénéfice ressenti par les patients a diminué après l’intervention (F = 9,02 ; p = .007), bien que l’on ne note aucune différence significative entre les groupes. Les patients du GE observent par ailleurs une diminution de leur sentiment de sous-investissement ainsi qu’une diminution des réactions aidantes du conjoint, à l’inverse dans le GC (F = 7,80 ; p = .012).
Conclusion :
Les interventions TCC proposées ont un effet positif : pour le conjoint sur la satisfaction relative à un besoin précis, pour le patient sur le comportement de l’aidant et son sentiment d’iniquité. Néanmoins, la présence du patient n’a pas constitué une plus-value.