Abstract :
[fr] La régénération urbaine doit faire face à de nombreux obstacles. Parmi ceux-ci, les plus significatifs sont la réduction des finances publiques ainsi que des obstacles plus structurels comme la captation des plus-values foncières pour financer les infrastructures publiques, la coopération entre le secteur public et privé ou la complexité croissante des projets par l’augmentation des acteurs concernés (commune, région, propriétaires fonciers, promoteurs, développeurs, habitants…).
Afin de répondre à ce contexte changeant, de nombreuses villes, notamment américaines, anglaises ou néerlandaises, mettent en place des outils d’auto-organisation (‘Buisness improvement district’, ‘tax increment financing’, …) (van der Krabben et Needham, 2008 ; Meerkerk et al., 2013 ; Peyroux et al.,
2012 ; Squires et Lord, 2012)1. Dans cette recherche, nous définissions le terme d’auto-organisation comme : « l’émergence et le développement d’initiatives naissant d’un réseau construit en dehors des institutions gouvernementales ou autres et qui peut se rattacher ultérieurement à ces institutions » (Huygen et al., 2012)2. Quatre caractéristiques centrales distinguent le concept d’auto-organisation d’autres formes de participation : les motivations intrinsèques des acteurs, l’organisation par le biais d’un leadership pertinent, l’autonomie vis-à-vis des institutions et la spontanéité et créativité.
Alors que dans certains pays, les outils d’auto-organisations deviennent courants, peu d’exemples sont présents en Wallonie. Pourtant, ils pourraient répondre, en partie, aux problèmes de recyclage urbain mis en évidence (Halleux et al. 2004)3.
Par le champ de l’économie comportementale, nous étudierons l’exemple d’un habitat groupé liégeois, les Zurbains. « L’économie comportementale est un champ de l’économie qui se fonde sur le comportement des êtres humains observé dans la réalité et/ou en laboratoire afin d’expliquer les choix économiques des acteurs économiques » (Hanne, 2012)4. Ce courant économique remet en cause le concept l’Homo oeconomicus, la représentation théorique du comportement humain en économie néo-classique.
Les Zurbains sont un projet d’habitat groupé sur une vaste friche (8 500 m²) située dans un quartier populaire de Liège, Saint-Léonard. En 2005, vingt-six ménages font l’acquisition de ce terrain dans le but d’y réaliser un ensemble de logements basse énergie. Il faudra attendre 9 ans entre l’achat du terrain et l’installation des premiers habitants. Par l’analyse de trois grandes composantes du comportement économique, nous essayerons de comprendre quels ont été les freins au développement du projet et comment les comportements des acteurs ont influencé la réussite du projet. L’analyse portera sur le partage des risques, la confiance entre les acteurs et l’évolution de coopération (inter et extra groupe).
Le projet présente de nombreux intérêts à la fois individuels (logement neuf en centre urbain, économie d’échelle) et collectifs (réhabilitation d’une friche, aide financière régionale pour la commune pour l’aménagement des espaces publics alentours). Cependant son développement a été confronté à de nombreux obstacles : la prise de risque prise due au manque d’expertise dans le montage de projet urbain, une rupture de confiance entre les maîtres d’œuvre et le maître d’ouvrage, une collaboration pas toujours évidente entre le privé (les Zurbains) et le public (la ville ou les gestionnaires des impétrants).
Sur base de rencontres avec les acteurs, il s’agira dès lors de dégager les forces et les faiblesses des acteurs wallons dans le développement de projet auto-organisé et d’analyser la potentialité de ce type de projet.