Abstract :
[fr] La littérature védique, hymnique ou technique s’intéresse peu au rire (√HAS) ou au sourire (√SMI), et le mot narman « plaisanterie » ne s’y rencontre que deux fois. En effet la plaisanterie mettrait en danger la loi de vérité qui s’impose à tout sacrifiant, et des rires intempestifs entraînent des renaissances malheureuses.
Associé à l’amour, le rire sied aux femmes . Elles sourient aux hommes et aux enfants. Quant aux nymphes, elles adressent un sourire aux ermites pour les induire en tentation. Ces derniers sont précisément des gens qui rient peu ou pas du tout, et, si l’on rit à leur dépend, leur réaction peut être meurtrière. Enfin démons et vampires , ils pratiquent le rire à gorge déployée et bruyant.
Le rire peut être décisif dans la vie de quelqu’un. Ainsi, se promenant avec sa femme, le roi de Kāmpilya, Brahmadatta, éclate de rire en entendant deux fourmis discuter. Il en vient à renoncer à son trône et à se retirer dans un ermitage forestier avec la reine.
Dans l’épopée du Mahābhārata, le rire est principalement celui de guerriers au moment où ils attaquent et humilient leur adversaire.
Dans les traités de dramaturgie (Nāṭyaśāstra etc.), on distingue le léger sourire des gens de la classe supérieure, de celui qui secoue tête, visage et épaules de ceux de la classe moyenne, et, dans la classe inférieure les larmes aux yeux et les mains aux côtes.
Enfin qu’est-ce qui suscite le rire ? les ignares (par ex.celui qui pense avoir plus de lait à l’avenir s’il arrête de traire sa vache) et les naîfs, mais aussi la nudité, la laideur et les difformités physiques.
Dans certains récits étranges, comme ceux du recueil bouddhique des Jātaka’s, le même personnage balance entre les larmes et la joie. Ainsi dans le Jātaka, un bouc où s’est réincarné un être humain va être immolé. Il rit en pensant qu’il va bientôt regagner son état normal, mais il pleure aussi en pensant que son sacrificateur va subir le même sort malheureux que lui-même.