Abstract :
[fr] Au fil des siècles, le corpus latin des vitae sanctorum et des passiones martyrum s’est enrichi par l’introduction de nouveaux textes, par la réécriture et l’adaptation d’anciens remis au goût du jour, ainsi que par la traduction d’oeuvres issues du monde byzantin. Le phénomène de la réécriture hagiographique est bien connu et a fait l’objet de nombreux travaux. Celui de la traduction dans ce domaine reste en revanche peu exploité, tant il existe d’obstacles à son étude (absence de répertoire, manque d’éditions critiques, difficultés à identifier les traductions et les modèles grecs, etc.). Le présent travail propose une approche originale du phénomène, basée sur l’utilisation de la statistique linguistique. Cette approche consiste à étudier le latin utilisé par les traducteurs hagiographes pour rendre leur modèle grec et les techniques qu’ils ont adoptées pour le traduire en considérant les traductions non pas une à une, mais d’une manière comparative au moyen de l’analyse quantitative, dans le but de caractériser et de classer les traductions sur base de critères linguistiques, d’identifier et de qualifier des pratiques, des traditions localisées, des spécificités d’école ou de traducteur. La pratique de la traduction est examinée à travers un corpus de 35 textes représentatif des différentes phases de l’histoire de la traduction hagiographique latine au Moyen Âge et des différents foyers de traduction en Italie. Les analyses sont menées sur divers paramètres lexicaux et syntaxiques, en comparant d’abord le corpus, pris dans son ensemble, à un corpus de textes non traduits, puis en comparant entre eux les différents sous-corpus de traductions. Le premier type de comparaison (externe) a pour objectif de mettre en évidence les caractéristiques des traductions en général, le second (interne) de dégager les spécificités de chaque groupe de traductions.