[fr] Pour Simondon, l’angoisse est la tentative que fait l’individu de résoudre en lui-même le préindividuel qui est en lui et le dépasse, tentative vouée à l’échec car l’épreuve du préindividuel ne peut trouver sa solution que dans la dimension transindividuelle du collectif. L’angoisse ne réside donc pas tant dans l’insistance du pré-individuel en nous que dans l’impossibilité d’actualiser en nous ce pré-individuel. Or, si le sujet manque du collectif, s’il en est privé, ce ne peut précisément être que du point de vue d’un collectif qui n’existe pas encore. Le paradoxe s’énonce dès lors ainsi : pourquoi le collectif apparaît-il simultanément comme ce qui précède le sujet angoissé et ce qui lui manque, comme le foyer et l’horizon de l’angoisse ? Dans cet article, nous affirmons que ce paradoxe n’est pas une contradiction : le sujet angoissé n’est privé du collectif que parce qu’il entretient déjà un rapport avec lui. Autre manière de dire l’ambiguïté du transindividuel ou son caractère « auto-constitutif », simultanément immanent et transcendant au sujet. L’angoisse est l’épreuve de cette ambiguïté, où la dimension collective est à la fois virtuellement présente et effectivement absente. Mais quel processus mène à l’angoisse (qui pousse l’individu à vouloir résoudre en lui-même le problème subjectif) et quel événement l’en arrache (qui le pousse à actualiser cette tension dans un domaine qui n’est plus individuel mais transindividuel) ?
Disciplines :
Philosophy & ethics
Author, co-author :
Krtolica, Igor ; Université de Liège > Département de philosophie > Esthétiques phénoménologiques et esth. de la différence