Abstract :
[fr] Ces sites oubliés, usés, d’abord envahis lourdement, exploités jusqu’au bout de leurs entrailles et souvent recouverts des déchets d’une société insouciante, alimentent la double face des
paysages: la face visible, riante, bucolique et apaisante contre la face cachée, non visible, souffrante, asphyxiée et déchirée. Ces blessures, tout autant que les regards sélectifs dont ces paysages sont les victimes, nous intéressent. Les thèmes à traiter partent de questions liées à la dés-affectation, à la dis-location, à la dis-jonction (B. Goetz), à la perte d’identité, mais aussi à la mémoire, au temps, aux pratiques de réappropriation et de sensibilisation dont l’objectif premier est de remettre, dans un nouveau circuit de production, les lieux blessés dont on a profondément transformé les structures et les équilibres. Les réflexions et les pratiques de relance concernant les cohérences paysagères assoupies sont aujourd’hui à la base de méthodologies et expérimentations qui permettent à des contextes usés d’acquérir le rôle de lieux porteurs de « nouvelles chaînes signifiantes » (U. Eco). Le séminaire offre l’occasion de faire ré-émerger des potentiels novateurs à partir de territoires qui ont perdu toute visibilité et
capacité d’assurer le maintien de conditions d’équilibre et qui souffrent encore aujourd’hui de dynamiques de dis-sociation coupant toute relation entre l’homme et son milieu.
Revenir à s’intéresser aux matériaux qui constituent le caractère et la structure des contextes paysagers en s’intéressant aux raisons qui en ont marqué aussi bien les phases cohérentes que les autres, permet de redécouvrir les processus et les dynamiques encourues ou en cours.
Le retour à la lecture fine des lieux pour lequel le séminaire plaide donne des clefs permettant d’esquisser des voies de rétablissement de consciences actives pour réenclencher des aptitudes
proactives indispensables pour le dépassement des phases critiques atteintes en matière de réaffectation de territoires en crise. Les échanges pourront ainsi toucher à des questions relatives à la réinsertion d’un lieu dans un nouveau cycle de vie, au regard de sa capacité à réacquérir reconnaissance et dignité à partir de son histoire, détenant déjà les éléments nécessaires pour une nouvelle phase de relance.