Abhidharmakosha; Visuddhimagga; nourriture matérielle; toucher nutritif (=couvage); pensée nutritive (=espoir); conscience nutritive (= vijñâna); vijñâna pour sortir de l'hypnose méditative; vijñâna pour garantir la reconnection avec une renaissance; gandharva
Abstract :
[fr] La spéculation bouddhique énumère quatre types de nourriture : 1.la nourriture matérielle courante comme le riz, 2.le contact nutritif, 3.la pensée opérant comme nourriture, 4.la conscience opérant comme nourriture.
Des ouvrages comme l’Abhidharmakośa de Vasubandhu (5e s.de n.è.) ou le Visuddhimagga de Buddhaghosa (même époque) spéculent à ce sujet à partir des paroles concernant la nourriture repérées dans les sermons du Buddha.
La nourriture matérielle n’est pas envisagée uniquement chez les êtres humains. On spécule sur la nourriture des habitants des sphères célestes, des moines parfaits, du spermatozoide transmigratoire appelé gandharva , des vers et des damnés.
Les trois autres « nourritures » méritent leur nom parce qu’elles aident la vie à se développer et à se poursuivre. C’est le cas du toucher dans le cas du couvage chez les oiseaux, sans lequel les oisillons mourraient.
La pensée est (symboliquement) une nourriture dans le cas des tortues de mer qui déposent leurs œufs dans le sable , puis, au lieu de les couver, retournent dans l’océan, mais n’arrêtent pas de penser à leur future progéniture de manière à la maintenir en vie. Ajoutons que la pensée sous forme de « vouloir vivre », c'est à dire l’espérance, est un secours évident pour lutter contre un environnement hostile.
La dernière nourriture, la conscience (vijñāna), est ce qui tient lieu d’âme aux yeux du bouddhisme qui n’adhère pas à la notion gréco-judéochrétienne d’âme personnelle.
Le vijñāna intervient dans la vie du moine parfait qui sombre parfois dans des états d’hypnose où on le croirait mort. Pour en sortir, il a besoin de la « conscience » qui ne le quitte jamais.
Le vijñāna est aussi ce qui assure la continuité d’une vie à l’autre, en garantissant une renaissance, une « reconnection » (pratisaṃdhi) avec le courant vita.l