Mîmâmsâ; premier sûtra; dharmajijñâsâ; atha; mémorisation du Veda; deux-fois-nés; bain final du noviciat
Abstract :
[fr] Le premier sūtra (« règle ») de Jaimini, le fondateur de la philosophie du rituel (Mīmāṃsā) se formule comme suit : « Ensuite, par conséquent, [il y a] enquête sur le dharma» (atha-ato dharmajijñāsā). Le premier exégète de ces règles, Śabara (300-350 de n.è.), commente chacun de ces mots.
a.Atha « ensuite » suppose un élément préalable présent seulement en pensée. Il s’agirait de la mémorisation du texte védique que l’élève brahmane doit achever avant le bain qui clôt son noviciat. D’autre part cette mémorisation vise-t-elle le bien de l’intéressé en général ou se limite-t-elle à préparer la compréhension ? La M ne peut admettre les deux objectifs simultanément.
Le précepteur n’est responsable que de la mémorisation, car il n’a pas de prise sur l’aspect compréhension qui relève de l’élève.
b.Ato « par conséquent » suggère qu’entre les deux opérations précédentes, il y a un rapport non seulement de succession temporelle, mais aussi de cause à effet, étant entendu que ce second rapport ne peut naître que dans l’esprit d’étudiants bien nés, c’est-à-dire de « deux-fois nés », appartenant aux aux 3 classes supérieures des ārya.
c.Dharmajijñāsā « enquête sur le dharma ». Le commentaire du premier élément du mot , à savoir dharma « bonne conduite (rituelle) », est reporté sous la règle 2. Reste jijñāsā « envie de connaître, enquête » que Śabara rapproche d’une autre phrase-clé : « il faut étudier (= mémoriser ? comprendre ?) son propre Veda» et conclut en se demandant quelle relation grammaticale unit dharma à jijñāsā : est-ce le génitif de l’objet étudié ou un datif dénotant le but de cette étude ?