mémorisation; écriture; scribe; lekhaka/lipikara; bouddhistes cachemiriens; pustaka; kâyastha; manuscrits sur feuilles de palmier
Abstract :
[fr] L’Inde brahmanique a privilégié la transmission orale du savoir par mémorisation plutôt que l’écriture. A ses jeunes élèves, le maître faisait mémoriser en entier par ex. les 1018 hymnes du Ŗgveda dans plusieurs formes de récitation.
La prodigieuse mémoire ainsi acquise faisait l’admiration des chinois. En revanche le système a retardé le développement de l’écrit et explique le peu d’estime dont ont joui, aux origines, ceux dont la fonction est d’écrire. Les noms pour le scribe, soit lekhaka, lipikara et karaņa, sont tirés des racines LIKH et LI(M)P qui connotent les actes de « gratter, blesser » pour la première, d’ « enduire, barbouiller, salir » pour la seconde.
Dans le première moitié du 1er millénaire, l’écriture commence à être appréciée , notamment par les bouddhistes du Cachemire qui se lancèrent avec frénésie dans la rédaction de traités dogmatiques et de réglements monastiques dont la mise par écrit était indispensable. Les manuscrits sur feuilles de palmier se multiplient. A la cour royale fonctionne un scribe dont le matériel –livre (pustaka), plume (kalama), encre (masī, mela)- est nommé à l’aide des termes d’origine étrangère. Ce fonctionnaire sait lire et ne peut se permettre d’écrire sans charme (akānti).
Malgré l’attachement de l’intelligentsia brahmanique à l’oral, la caste des scribes (kāyastha) gagnera en prestige et se rendra indispensable. On verra même certains de ses membres réclamer devant les tribunaux un statut équivalent à celui des trois classes supérieures.