La théorie optique du chapitre VI de la Prakaranapañcikâ de Shâlikanâtha
Verpoorten, Jean-Marie
2007 • In Preisendanz, Karin (Ed.) Expanding and Merging Horizons. Contributions to South-Asian and Cross-cultural Studies in commemoration of W.Halbfass
Prakaranapañcikâ chap.6; mécanisme de l'oeil; contacts oeil-objet; rayon visuel; intervalle oeil-objet; adrshta; esprit comme origine de la vision; lumière ambiante; objets invisibles (atomes etc.)
Abstract :
[fr] Extrait du ch.6 de la Prakaraņapañcikā, somme philosophique selon la Mīmāṃsā rédigée entre 800 et 950 de n.è. par Śalikanātha (Ś), disciple de Prabhākara. Ś fait précéder sa propre définition de la perception visuelle de définitions proposées par des penseurs d’autres courants philosophiques : bouddhisme, nyāya-vaiśeṣika, mīmāṃsā d’obédience kumārilienne.
La portion traduite et commentée s’étend de la p.129, li.2 (dans l’édition de A Subrahmanya Sastri ,Bénarès, 1961) à la p.131, li.9.du ch. consacré aux moyens de connaissance droite (pramāņa’s) et au plus important d’entre eux, la perception. Ś y énumère les divers contacts possibles selon l’école rivale du Nyāya-vaiśeṣika avant de définir celui qui s’établit entre l’œil et le monde extérieur. Voici quelques-unes des questionss soulevées :
-l’organe visuel illumine l’objet et en saisit la forme-couleur grâce à des rayons qui partent à la rencontre de cet objet, et ce même si l’objet est plus grand qu’eux.
-comment envisager l’intervalle entre le siège corporel de la vue et l’objet appréhendé ? Mais y-at-il réellement un intervalle puisque les rayons visuels contactent cet objet.
-comment évaluer la distance œil-objet ? Cela va-t-il de soi que l’œil va du plus proche au plus éloigné ? Si l’œil suit le chemin inverse, est-ce que le déplacement vers l’objet existe-t-il ?
Des réponses sont apportées
-l’évaluation de la distance se fait par rapport au corps.
-on propose que le rayon visuel se fonde dans la lumière ambiante omniprésente. Mais alors ne devrait-on pas voir tout en même temps ? Faute de solution, on en appelle à l’adṛṣṭa, au « (facteur) invisible » qui n’est qu’une façon de déguiser son ignorance.
-si le rayon visuel reçoit le soutien de la lumière ambiante, comment expliquer qu’un écran empêche la vision ? cet écran prouvant a contrario que le rayon se déplace vers l’objet.
-la vision provient-elle de la toute-puissance de l’esprit ? ne vaut-il pas mieux se passer de celle-ci et expliquer l’étendue et l’intensité de la vision grâce aux seules limites de l’organe oculaire ?
-faisons enfin une place aux objets inaccessibles à l’œil , les atomes, le temps, l’espace, l’esprit.