Abstract :
[fr] Personnage d’exception, le Buddha a été doté par la légende pieuse d’un début de vie extraordinaire. Sa conception et sa naissance sont racontées dans plusieurs œuvres du canon bouddhique et dans diverses biographies extracanoniques.
Selon la plus fameuse de celles-ci, le Buddhacarita d’Aśvaghoṣa (2e s. de n.è.), le mère du Buddha, la reine Māyā, vit en songe son fils descendre dans son sein sous la forme d’un éléphant à six défenses. Il descendait ainsi du ciel des « dieux satisfaits » (tuṣita). On trouve une représentation figurée de l’événement dans un bas-relief de Barhut (Inde centrale) datable du 2e s. av.n.è, tandis qu’au temple de Borobudur (Java, 6e s. de n.è.) la scène le représente remettant sa couronne au Buddha du futur, Maitreya, avant de s’incarner
La conception du Buddha échappe donc à toute intervention humaine, en particulier à celle du roi Śuddhodana, le mari de Māyā. Nous avons affaire à une « immaculée conception ».
La naissance du Buddha est nommée opāpattika, « apparitionnelle », c’est-à-dire « virginale » comme doit l’être une naissance divine. C’est pour cela que Māyā accouche loin du roi et du palais royal, en pleine nature, en compagnie de sa sœur Gautamī. Celle-ci deviendra la mère nourricière de l’enfant après le décès de Mâyâ très tôt après la naissance. Il convient en effet que le Buddha reste un enfant unique. La naissance est représentée sur 2 bas-reliefs . L’un est indo-grec et provient du Gandhara (aujourd’hui région du Pakistan). L’autre est de Nâgârjunakoņḍa en Inde du sud. Le premier est iconique et représente le buddha comme un bébé humain sortant du flanc de sa mère et accueilli par des divinités ; le second est aniconique et le Buddha y figure symboliquement sous forme d’un parasol royal.
La seconde naissance miraculeuse est celle de Temiya. Il fait partie de ceux que la littérature bouddhique présente comme revivant, parfois jusque dans les moindres détails, la vie du Buddha.
Fils improbable d’un roi impuissant malgré ses milliers d’épouses, Temiya est le fils unique (comme Buddha) de la reine Cāndadevī dont l’ascèse méditative fléchit le dieu Sakka.. Mais Temiya-enfant qu’elle met au monde de façon virginale (comme Māyā) –ne veut pas d’un destin royal. Il simule donc un état végétatif absolu, si bien que le roi -son père putatif- décide de l’enterrer vivant. Mais sur le point de mourir, l’enfant abandonne son jeu et déclare qu’il veut embrasser l’état monastique, à l’instar du Buddha, son père spirituel.