Abstract :
[fr] La plante marine endémique de Méditerranée Posidonia oceanica, ou posidonie, forme en Corse des herbiers colonisant les substrats depuis la surface jusqu’à 40 m de profondeur. Ces herbiers constituent un véritable écosystème, l’un des plus riches en espèces de Méditerranée. Ils sont notamment soumis à des phénomènes de fragmentation naturels (hydrodynamisme) et anthropiques (par exemple l’ancrage, le chalutage, la pollution) à l’origine de la formation de patchs (ou "intermattes"), créant des zones de contact entre habitats de nature disparate. Issus de phénomènes différents, les patchs auront ainsi des caractéristiques et une dynamique propre.
Les présents travaux de recherche ont été réalisés en baie de Calvi à 15 m de profondeur et visent à comparer les caractéristiques de patchs naturels générés par l’hydrodynamisme, et de patchs anthropiques issus de l’ancrage intensif. Dans cette optique, un patch de chaque type a été sélectionné et cartographié par triangulation à l’aide de balises afin d’étudier précisément leur dynamique spatiale. Les patchs au sein des herbiers à P. oceanica étant en grande partie composés de sédiments, le flux de déposition des particules a été étudié à l’aide de pièges à sédiments. Les caractéristiques chimiques du sédiment ayant une importante influence sur le développement de la posidonie, l’oxygène (O2), un composé vital, et le sulfure d’hydrogène (H2S), un composé létal, ont été mesurés à différentes profondeurs dans la couche sédimentaire et comparés avec les valeurs obtenues dans l’herbier adjacent. Des données ont été récoltées en hiver et en été afin de prendre en compte la variation saisonnière des phénomènes biotiques et abiotiques.
Le suivi de la dynamique spatiale des patchs montre que, concernant le patch naturel, l’érosion de l’herbier (-10,3 cm.a-1) est compensée par sa colonisation (+10,1 cm.a-1), alors qu’une très grande proportion du patch d’ancrage (64 %) est érodée. Le flux de particules dans les patchs est de façon générale très faible en été (de 1,71 à 4,45 gDW.m-².d-1) par rapport à l’hiver (de 32,17 à 91,48 gDW.m-².d-1). Le dépôt total de particule est beaucoup plus important au sein du patch d’ancrage en hiver. Les deux patchs montrent des profils de concentration en oxygène et en sulfure d’hydrogène dans le sédiment similaire en hiver et contrastés en été, avec une concentration importante en sulfure dans le patch d’ancrage (9,3 µM à 10 cm de profondeur), limitant la potentielle recolonisation par l’herbier environnant.