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Abstract :
[fr] Alexander Kluge et Werner Herzog sont assurément deux figures antipodiques dans l’histoire du cinéma allemand. L’engagement politique tout d’abord, indissociable de la création audiovisuelle pour le premier, objet de méfiance si pas de rejet pour le second, oppose manifestement ces deux figures de proue du Nouveau Cinéma Allemand, un courant dont l’acte de naissance, le manifeste d’Oberhausen de 1962, coïncide avec les débuts cinématographiques des deux auteurs. Leurs esthétiques respectives ensuite confirment le gouffre irréductible qui semble les séparer. Enfin, auteurs l’un et l’autre d’œuvres théoriques sur le cinéma, ils défendent deux approches réflexives de la création audiovisuelle qui apparaissent a priori comme inconciliables. En première lecture, Kluge et Herzog incarnent donc toute l’hétérogénéité bien connue du Nouveau Cinéma Allemand.
À rebours de ce constat largement répandu dans les histoires de ce courant cinématographique, et sans pour autant réconcilier les deux auteurs à tout prix, un regard croisé sur quelques-uns de leurs films (e.a. Gelegenheitsarbeit einer Sklavin et Die Artisten in der Zirkuskuppel : ratlos pour Kluge ; Fata Morgana et Fitzcarraldo pour Herzog) et textes (e.a. les écrits d’Ulm de Kluge et la déclaration du Minnesota de Herzog) permet de dégager plusieurs points de rencontre entre les œuvres des deux cinéastes. Partant plus particulièrement de leurs conceptions de la rencontre entre documentaire et fiction, rencontre essentielle pour l’un comme pour l’autre, il s’agira d’en dégager les similitudes et résonances pour mieux comprendre, grâce à un éclairage réciproque, l’une et l’autre de ces œuvres essentielles du cinéma allemand des années soixante, septante et quatre-vingt.