C'est en vérité une justification pro forma, qui donne à l'auteur l'occasion d'entreprendre une captatio benevolentiae par un style et une rhétorique brillants dès les premières lignes. Aussi a-t-on pu mettre en cause la sincérité de Jérôme dans l'annonce de son projet d'histoire ecclé siastique (H. Kech, Hagiographie als christliche Unterhaltungsliteratur. Studien zum Phänomen des Erbaulichen anhand der Mönchsviten des hl. Hieronymus [Göppinger Arbeiten zur Germanistik, 225], Göppingen, 1977, p. 158-159
et C. Schäublin, Hieronymus und Geschichtsschreibung, in E. A. Livingstone [éd.], Studio Patrislica, XVIII, 4
Voir toutefois les remarques d'Y.-M. Duval dans la discussion suivant la communication de M. Fuhrmann, Die Mönchsgeschichten des Hieronymus. Formexperimente in erzählender Literatur, in M. Fuhrmann (éd.), Christianisme et formes littéraires de l'antiquité tardive en Occident (Entretiens sur l'antiquité classique, 23), Vandoeuvres - Genève, 1976, p. 41-89 (suivi de la discussion, p. 90-99), ici p. 94
(avec quelque confusion de deux projets historiographiques différents de Jérôme [A. de Vogüé, Histoire littéraire du mouvement monastique dans l'antiquité, première partie. Le monachisme latin (Patrimoines, Christianisme), 4 vol., Paris, 1991-1997, 2, p. 79 distingue l'ampleur des deux annonces faites par Jéròme et Schäublin, Hieronymus... (cité dans cette même note), p. 191-193 sépare nettement les deux projets])
L'expression ego qui diu tacui est une formule à valeur très relative, voir Fuhrmann, Die Mönchsgeschichten ... (cité n. 2), p. 58-59
et J. N. D. Kelly, Jerome. His Life, Writings, and Controversies, Londres, 1975, p. 170-171
(avec une réfutation, p. 170, note 13 de F. Cavallera, Saint Jérôme. Sa vie et son œuvre [Spicilegium sacrum Lovaniense, Etudes et documents, 1-2], 2 vol., Louvain - Paris, 1922, 2, p. 27
et de S. Rebenich, Jerome [The Early Church Fathers], Londres - New York, 2002, p. 85) - par l'édition attendue de longue date dans le Corpus de Vienne
J. M. Alonso-Núñez, The Ages of Rome, Amsterdam, 1982, p. 27 (avec la note 44)
et F. Vittinghoff, Zum geschichtlichen Selbstverständnis der Spätantike, HZ 198, 1964, p. 529-574, ici p. 560
La littérature est bien riche à cet égard. Parmi les études les plus importantes, où l'on trouvera les références exactes aux passages d'auteurs païens et chrétiens qui soit ont opéré avec le schéma biologique soit ont préparé le terrain dans la littérature grecque et latine pour que ce schéma puisse être introduit dans la littérature latine (d'autres contributions peuvent facilement être repérées à travers les articles et ouvrages cités ci-dessous), citons: G. F. Unger, Die vier Zeitalter des Florus, Philologus 43, 1884, p. 429-443, ici p. 438-440
O. Hirschfeld, Anlage und Abfassungszeit der Epitome des Florus, SPAW 29, 1899, p. 542-554, surtout p. 542-546
A. Klotz, Das Geschichtswerk des älteren Seneca, RhM, N. F. 56, 1901, p. 429-442
O. Rossbach, art. Florus, 9, RE VI/2, 1909, col. 2761-2770, ici col. 2761-2762
W. Keil, Vibius Maximus und Florus, BPhW 39, 1919, col. 1075-1080, ici col. 1079
L. Castiglioni, Lattanzio e le Storie di Seneca padre, RFIC 56, 1928, p. 454-475, surtout p. 457-462
W. Hartke, Römische Kinderkaiser. Eine Strukturanalyse römischen Denkens und Daseins, Berlin, 1951, p. 393-399
V. Alba, La concepción historiográfica de Lucio Anneo Floro (Manuales y anejos de « Emerita», 10), Madrid, 1953,p.31-35
C.Tibiletti,Il proemio di Floro, Seneca il Retore e Tertulliano, Convivium, N. S. 27,1959, p. 339-342
W. Richter, Römische Zeitgeschichte und innere Emigration, Gymnasium 68,1961, p. 286-315, ici p. 310-315
A. Garzetti, Flow e l'età adrianea, Athenaeum, N. S. 42, 1964, p. 136-156, ici p. 148-151
R. Häussier, Vom Ursprung und Wandel des Lebensaltervergleichs, Hermes 92, 1964, p. 313-341
Vittinghoff, Zum geschichtlichen Selbstverständnis (cité n. 7), p. 557-563
A. Demandt, Zeitkritik und Geschichtsbild im Werk Ammians (Habelts Dissertationsdrucke, Reihe Alte Geschichte, 5), Bonn, 1965, p. 118-147
I. Hahn, Prooemium und Disposition der Epitome des Florus, Eirene 4,1965, p. 21-38
P. Jal, Nature et signification politique de l'œuvre de Florus, REL 43, 1965, p. 358-383, surtout p. 360-361
P. Archambault, The Ages of Man and the Ages of the World. A Study of Two Traditions, REAug 12, 1966, p. 193-228
K.-H. Schwarte, Die Vorgeschichte der augustinischen Weltalterlehre (Antiquitas, Reihe 1. Abhandlungen zur Alten Geschichte, 12), Bonn, 1966, p. 43-52
P. Jal, Florus, Œuvres, 2 vol. (CUF), Paris, 1967, p. LXIX-LXXXV
F. Paschoud, Roma aeterna. Études sur le patriotisme romain dans l'Occident latin à l'époque des grandes invasions (Bibliotheca Helvetica Romana, 7), Rome, 1967, p. 62 (avec la note 141)
W. Den Boer, Some Minor Roman Historians, Leyde, 1972, p. 3 (avec la note 5)
M. Ruch, Le thème de la croissance organique dans la pensée historique des Romains, de Caton à Florus, in ANRW I, 2, Berlin - New York, 1972, p. 827-841, surtout p. 829-833 et 838-840
A. Cameron, Claudian and the Ages of Rome, Maia 27, 1975, p. 47
A. Demandt, Metaphern für Geschichte. Sprachbilder und Gleichnisse im historisch-politischen Denken, Munich, 1978, p. 37-45
A. Demandt, Das Ende des Altertums in metaphorischer Deutung, Gymnasium 87, 1980, p. 178-204, ici p. 178-180
E. Salomone Gaggero, Flow. Epitome di storia romana (I classici di storia, Sezione greco-romana, 14), Milan, 1981, p. 28, 35 et 46-47
Alonso-Núñez, The Ages... (cité n. 7)
L. Havas, La Conception organique de l'histoire sous l'empire romain et ses origines, ACD 19, 1983, p. 99-106
L. Havas, Zur Geschichtskonzeption des Florus, Klio 66, 1984, p. 590-598
L. Havas, Floriana, Athenaeum, N. S. 67, 1989, p. 21-39
C. Facchini Tosi, Il proemio di Floro: la struttura concettuale e formale (Edizioni e saggi universitari di filologia classica, 46), Bologne, 1990, p. 28-40
L. Bessone, La storia epitomata. Introduzione a Floro (Problemi e ricerche di storia antica, 19), Rome, 1996, p. 31-41
et Archambault, The Ages ...(citén. 8), p. 200
Jal, Florus ... (cité n. 8), p. XXIII
H. Hagendahl, Latin Fathers and the Classics. A Study on the Apologists, Jerome and Other Christian Writers (Acta Universitatis Gothoburgensis, 64, 2 = Studia Graeca et Latina Gothoburgensia, 6), Göteborg, 1958, p. 105 mentionne une citation de Florus, 1, 40, 6 (plutôt que 1, 40, 7 indiqué par Hagendahl) (à propos de Mithridate) dans la Vita Pauli, 4
La même remarque vaut pour G. E. Duckworth, Classical Echoes in St. Jerome's Life of Malchus, CB 24, 1947-1948, p. 28-29
Il n'est dès lors pas étonnant que R. Heredia Correa, San Jerónimo: la education clásica, Nova Tellus 19/2,2001, p. 187-198 ne fasse aucun cas du phénomène intertextuel en question dans un article qui illustre, par des textes choisis, l'influence de la formation classique de Jérôme sur son œuvre
La seule à avoir remarqué le rapport avec Florus, sans pour autant en avoir tiré profit pour les études hiéronymiennes ou la discussion du schéma biologique, paraît être M. Liguori Ewald, Life of Malchus by St. Jerome, in R. J. Deferrari (éd.), Early Christian Biographies, translated by R. J. Deferrari e. a. (The Fathers of the Church, A New Translation, 15), Washington, D. C., 1952, p. 281-297, ici p. 288, note 6
Notons toutefois que le rêve ne saurait être daté selon N. Adkin, The Date of the Dream of Saint Jerome, SCO 43, 1993, p. 263-273
Voir aussi Kelly, Jerome ... (cité n. 3), p. 41-44
Schäublin, Hieronymus ... (cité n. 2), p. 193-194
Pour les intentions de la Chronique voir S. Rebenich, Hieronymus und sein Kreis. Prosopographis-che und sozialgeschichtliche Untersuchungen (Historia, Einzelschriften, 72), Stuttgart, 1992, p. 133-136
Voir D. S. Wiesen, Saint Jerome as a Satirist. A Study in Christian Latin Thought and Letters (Cornell Studies in Classical Philology, 34), Ithaca, New York, 1964, p. 50-51
pour la critique de Jérôme au détriment de l'Église contemporaine, J. Curran, Jerome and the Sham Christians of Rome, JEH 48, 1997, p. 213-229
pour la haine de Jérôme envers Rome et J. M. Blâzquez, Aspectos de la sociedad romana del Bajo lmperio en las cartas de San Jerônimo, Gerión 9, 1991, p. 263-288 pour les attaques contre la vie dépravée notamment des femmes romaines dans la correspondance de Jérôme