[fr] Cette communication est issue d’une recherche ethnographique autour des pratiques culinaires d’un groupe de femmes marocaines résidentes dans une ville de la province de Milan, en Italie. Le matériel collecté au sein des entretiens et des observations a permis d’étudier d’un côté la définition des sujets au travers des pratiques alimentaires, d’un autre côté leur modalité de prendre part à la vie sociale locale. Grâce aux activités de la vie quotidienne, une appartenance culturelle et religieuse peut être affirmée, en permettant ainsi la revendication du « droit à la diversité ». La performance publique des pratiques culinaires permet aux femmes considérées d’exercer une agency à l’intérieur des espaces institutionnellement concédés à l’expression des migrants.
Lors des fêtes interculturelles, les rituels d’une sorte de « cannibalisme exogène » se mettent en place : la population majoritaire, en goûtant les plats des Autres, incorpore la diversité afin de la contrôler. Néanmoins, les femmes migrantes en charge des préparations choisissent activement quels ingrédients (du soi et des plats) faire consommer, en présentant ainsi certains aspects qui vont au-delà de la culture alimentaire. Le partage de nourriture leur permet d’assumer un rôle actif dans la communauté locale, tout en affirmant leurs propres spécificités. Les femmes considérées acquièrent une position politiquement importante au sein de la société et sont ainsi légitimées à participer aux débats et décisions autour de certains questions clefs de la pratique de la diversité.