Abstract :
[fr] Le 22 décembre 1645, l’internonce en poste à Bruxelles, Antonio Bichi, donne l’absolution à Charles IV de Lorraine . La sentence prononcée par l’envoyé pontifical doit mettre fin à plus de trois années de tensions qui font suite à la bulle d’excommunication fulminée par le pape Urbain VIII à l’encontre du duc. Pour le Saint-Siège l’enjeu diplomatique de ce geste est grand.
Charles IV, duc de Lorraine et de Bar, est en effet un membre important du parti des dévots, hostile à Richelieu et à sa politique d’abaissement de la maison d’Autriche. Réfugié aux Pays-Bas depuis l’occupation de ses états par le cardinal, en 1634, il prend part aux dernières phases de la guerre de Trente Ans en mettant ses troupes au service des Habsbourg, aussi bien en France que dans l’Empire.
Or, l’excommunication du duc comme la mauvaise volonté dont celui-ci semble faire preuve pour répondre aux exigences de la Curie romaine ont peu à peu créé des dissensions au sein du clergé et du gouvernement des Pays-Bas. L’irritation qui règne menacerait même la bonne conduite de la guerre menée contre la France et ses alliés protestants. Si, à première vue, la papauté ne prend pas une part active dans ce conflit, elle veille naturellement, à travers ses nonces, aux intérêts catholiques qui sont en jeu.
J'ai choisi, à l’occasion de ce colloque, d'étudier plus en détail la conduite de l’internonce Bichi dans le retour en grâce de Charles IV et son absolution en 1645. À cette occasion, j'ai voulu dégager, d’une part, les stratégies mises en place par le prélat pour arriver à ses fins (maîtrise de l’information, entreprise de désinformation et de dénigrement du duc,…) et, d’autre part, les acteurs et les réseaux avec lesquels il est en prise lors de ces négociations (gouvernement des Pays-Bas espagnols, confesseurs, parti des dévots, ordres religieux, Saint Office,…). Une telle analyse devrait permettre de saisir la nature et l’étendue des ressources que l’internonce utilise afin de mener une véritable politique de détente, propre à réconcilier les intérêts politico-religieux et les intérêts juridico-dogmatiques du Saint-Siège. Je désirerais, par cet exercice apporter une contribution à la compréhension de la politique menée par les nonces du Saint-Siège lors de la fin de la guerre de Trente Ans et à l’occasion des Congrès de Westphalie ; moments diplomatiques habituellement considérés par l’historiographie comme étant défavorables à la papauté.
Event organizer :
Service historique de la Défense (SHD)
Division de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives (DMPA) du Ministère de la Défense
Centre de Recherches en Histoire Internationale et Atlantique (CRHIA, Nantes)
Labex EHNE
Réseau pour de Développement européen de l’histoire de la jeune Amérique (REDEHJA)
Université de Versailles Saint-Quentin-en Yvelines