[fr] Dans cet article, nous aimerions aborder la question d’un phénomène déconcertant conceptuellement, l’argot, qui présente aux théoriciens linguistiques de redoutables problèmes de définition. Ainsi le Littré qualifie-t-il l’argot de « langage particulier aux vagabonds, aux mendiants, aux voleurs et intelligible pour eux seuls ». L’argot se présente donc d’abord comme une forme cryptée. On aurait cependant tort d’y voir un problème strictement linguistique. En réalité, l’argot est, dans sa forme même, révélateur du problème qui ne cesse d’affecter l’idéal moderne de la communauté politique : le problème de ses marges et de ceux qui ne s’y intègrent pas, de ses zones d’ombres et de ses refoulés – vagabonds, mendiants, voleurs, etc. L’argot joue dans le langage ce que Giorgio Agamben appelle la question des deux p-Peuples. Par « peuple » avec un « p » minuscule, nous entendons le peuple de l’ombre qui sourd, menaçant, derrière l'idéal des Citoyens représentés et pleinement intégrés dans le corps de la cité, qu’on nommera le « Peuple » avec majuscule.
Disciplines :
Philosophy & ethics
Author, co-author :
Petteni, Oriane ; Université de Liège - ULiège > Département de philosophie > Philosophie morale et politique
Language :
French
Title :
L’argot dans les discours hugolien et célinien. Une lecture symptômale des apories du concept de fraternité.
Publication date :
May 2013
Journal title :
Dissensus
ISSN :
2031-4973
eISSN :
2031-4981
Publisher :
Service de philosophie morale et politique de l'Université de Liège (ULg), Liège, Belgium