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Abstract :
[fr] A la fin de "Baader", le seul biopic à être entièrement dédié au fondateur de la Fraction Armée Rouge, le réalisateur Christopher Roth prend certaines libertés explicites avec l’histoire de la RAF pour proposer une singulière relecture de l’arrestation du personnage titre : pris au piège comme ce fut effectivement le cas en juin 1972 dans un garage francfortois qui lui servait de planque d’armes et d’explosifs, et que le film prend soin de reproduire fidèlement, Baader n’est pas arrêté par la police . Il fait d’abord mine de se rendre, avant de saisir deux pistolets pour tirer sur les agents qui l’encerclent. Se trouvant complètement à découvert, le terroriste est immédiatement criblé de balles et s’effondre. Le président de la police judiciaire Herold alias Krone accourt, le regard empli de tristesse et d’effroi. Il prend le corps sans vie de Baader dans ses bras, tient son visage vers le ciel, et transforme ce tableau final en une Pietà .
Notre texte montre d'abord que, sur fond de rapports « tendus » entre années de plomb allemandes et historiographie, cet écart par rapport aux faits avérés est pour le moins remarquable car, exception faite du film de Roth, tous les films biographiques consacrés aux cadres de la RAF se caractérisent par leur constance et leur uniformité dans la construction du personnage d’Andreas Baader. Cet article identifie en outre quelques-uns des effets politiques et historiographiques de cette invariabilité, en s’intéressant notamment aux personnages des deux principales camarades de lutte du terroriste, Ulrike Meinhof et Gudrun Ensslin. L’ensemble des éléments dégagés tout au long d'une déambulation parmi quelques fictions nous permet enfin de mesurer la portée critique du "showdown" imaginé par Christopher Roth.