Peine et structure sociale : des logiques économiques à leur traduction pénale dans l’histoire de l’Etat belge. La « crise » des dernières décennies, le rôle de l’Etat et des institutions et la question de la citoyenneté

L’intitulé « Peine et structure sociale » proposé pour cette série de conférences renvoie à l’œuvre de Georg Rusche et Otto Kirchheimer qui, dans les années 1930 déjà, avait mis en exergue le lien étroit entre situation économique et régime des peines. Dans la lignée de cette oeuvre magistrale, des travaux de recherches réalisés dans divers pays et sur des périodes plus ou moins étendues, ont dégagé, chiffres à l’appui, nombre de corrélations significatives entre indicateurs socio-économiques et indicateurs du pénal.

L’analyse portant sur la Belgique couvre la période la plus longue examinée jusqu’à présent dans cette perspective. Avec en arrière-plan la théorie des cycles longs de Kondratieff, l’histoire économique du pays a permis de dégager des indicateurs « stratégiques », particulièrement significatifs des tensions économiques au cours de chacune des périodes. Du prix du blé à celui du charbon, du salaire réel au taux de chômage, et plus récemment aux inégalités de revenus, ces indicateurs affichent tour à tour des corrélations statistiques hautement significatives avec les indicateurs du pénal, et particulièrement ceux relatifs à l’usage de l’emprisonnement. Tout se passe comme si le pénal se faisait à chaque fois l’écho d’une logique économique particulière. Tout se passe comme si l’intensité du recours au pénal était inversement proportionnelle à la sécurité économique générée dans une société donnée

Dans le contexte de l’inflation carcérale croissante de ces dernières décennies, correspondant à des bouleversements économiques majeurs de l’ère néo-libérale, cette série de conférences propose une réflexion approfondie sur les relations observées entre économie et pénalité et sur le rôle essentiel qu’y jouent l’Etat et ses institutions. Les questions ainsi soulevées touchent à des enjeux majeurs pour l’avenir de nos démocraties.