Abstract :
[fr] « Tu sais d’où ça vient la poignée de main ? C’est comme ça qu’on montrait à un étranger qu’on ne cachait pas une arme, dans l’ancien temps. » Contagion, Steven Soderbergh, 2011
Depuis des décennies, les réalisateurs de fictions, inspirés des romanciers tout aussi nombreux, ont exploité l’épidémie de diverses manières : comme contexte historique général pour raconter autre chose (Isle of the Dead, Robson, 1945), comme sujet médical au cœur d’une investigation (Medical Investigation, Horwitch, 2004), comme processus permettant de faire se multiplier les zombies (Resident Evil, Anderson, 2000) ou encore les vampires (Daybreakers, Spierig, 2010).
Ce travail vise à théoriser un sujet fascinant et étonnant, qui en vient à hanter jusqu’aux toilettes publiques via les écriteaux « lavez-vous bien les mains pour éviter les germes », et à offrir une lecture d’un ensemble de films très présents sur les écrans et pourtant absents des ouvrages de cinéma.
En conjuguant analyse d’images et analyse de récits, cette recherche tente de faire le tour d’une question qui peut, de prime à bord, sembler évidente (montrer l’épidémie à l’écran, c’est donner à voir des contaminés), et qui, en pratique, se révèle plus complexe (comment représenter la contamination, puisque le phénomène microscopique est invisible pour l’œil).
La méthode développée prend appui sur la science et les relations entre l’épidémie, la contagion et la contamination afin de constituer une approche allant du plus général (l’épidémie qui concerne le global, et qui s’illustre jusque dans les synopsis), au plus particulier (la contamination qui relève de l’interpersonnel, et qui se retrouve dans des séquences précises des films).
Au-delà des questions de cinéma et de récit au sens strict, ce mémoire vise à explorer le revers de l’épidémie : l’imaginaire collectif qui en découle. En effet, la façon qu’a le cinéma de représenter ces phénomènes manifeste d’une certaine conception de l’épidémie, qui se propage de film en film, et de spectateur en spectateur.
[en] « You know where this comes from, shaking hands? It was a way of showing a stranger you weren't carrying a weapon in the old days. » Contagion, Steven Soderbergh, 2011
For decades film directors, inspired by numerous novelists, have exploited the epidemic in various ways: as a general historical context to tell another story (Isle of the Dead, Robson, 1945), as a medical topic at the heart of an investigation (Medical Investigation, Horwitch, 2004), or as a process allowing the proliferation of zombies (Resident Evil, Anderson, 2000) or even vampires (Daybreakers, Spierig, 2010).
This work aims at theorising a fascinating and surprising topic – which goes as far as haunting public restrooms with the “Stop Germs: Wash Your Hands” signs – and to offer an overview of films that are very present on our screens and yet absent from scholarly works about cinema.
By combining the analysis of photography with that of narrative, this research tries to address issues which may seem, at first sight, plain and transparent (showing the epidemic is showing contaminated individuals) but prove to be, in practice, much more complex (how can contamination be represented since this microscopic phenomenon is invisible to the eye?).
The developed method leans on science and the ties between epidemic, contagion and contamination in order to establish an approach going from the more general (epidemic, which belongs to the global and is illustrated as far as the film’s synopsis) to the more particular (contamination, which falls under the interpersonal and is represented only in precise sequence of the film).
Beyond questions about cinema or narrative in the strict sense, this final dissertation aims at exploring the other side of epidemic: the collective imaginary it creates. Indeed, the way cinema represents these phenomena indicates a certain conception of epidemic, which spreads from a film to the other, from a viewer to the other.