L'économie liégeoise sous l'occupation allemande en 1914-1918 : constats, balises et itinéraires moins connus

Quelle est la situation de l’économie belge et liégeoise sous l’occupation allemande de 1914 à 1918 ? Pour répondre à cette question, il convient de revenir sur une historiographie singulière, encore marquée par la "littérature engagée" de l'entre-deux-guerres. Elle défend la thèse d'une Belgique économique refusant la collaboration avec l'occupant et victime de ses mesures, pour le cas de Liège, d'une industrie totalement détruite par la guerre. Cette contribution insiste a contrario sur la diversité des attitudes et situations. Dans la foulée de l'invasion allemande, un dilemme se pose à chaque industriel : faut-il poursuivre les activités, avec le risque que cela profite surtout à l'occupant ou s'agit-il de stopper les activités et risquer ainsi de perdre technologies et main-d'œuvre ? Dans le cas de Liège, la question est d'autant plus complexe à trancher que les capitaux et ingénieurs allemands sont omniprésents dans le paysage industriel du début du 20e s. Pour certains industriels liégeois, qui firent le choix de la cohabitation dans le cadre d'une théorie du moindre mal, il y eut donc une vie économique pendant l'occupation.