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Abstract :
[fr] La musicologie s’est de longue date consacrée à l’étude des chapelles musicales des églises nationales de Rome, dont certaines figurent parmi les plus importantes de la cité pontificale aux 17e et 18e siècles. Force est de constater cependant que les chercheurs ont jusqu’ici surtout focalisé leur attention sur des institutions particulières. Nous nous proposons dès lors d’élargir la perspective dans le but de formaliser le « modèle » à la base duquel ces institutions prirent leur importance au sein de la vie musicale et festive romaine.
En comparaison avec le caractère pour le moins centralisé des cours européennes, Rome présente une organisation satellitaire où coexistent une série de micro cours politiques, religieuses et aristocratiques. Dans cette cité marquée par un polycentrisme particulier, les églises nationales peuvent néanmoins être considérées comme un champ d’étude homogène et leur vie musicale se prêter à une double lecture. Il s’agira donc, dans un premier temps, d’examiner le rapport que les chapelles nationales entretiennent avec les autres micro cours romaines et, singulièrement, avec le pouvoir pontifical. Au niveau musical, ces liens se traduisent en effet par une évidente perméabilité au « modèle » romain sur le plan du répertoire, de la constitution des effectifs musicaux, de l’importation et de l’adaptation des traditions festives et musicales.
Les églises nationales maintiennent par ailleurs un lien constant avec leur pays d’origine. Leurs activités participent de la représentation officielle d’une nation donnée face au souverain pontife et aux autres institutions étrangères présentes dans l’Urbs. Forte de ces spécificités, la ville de Rome peut être perçue tel un microcosme de culture collective européenne au sein duquel les différentes nations se confrontent sur le plan musical. Il s’agira donc, dans un second temps, de lire l’activité musicale des chapelles nationales comme une extension, un miroir reflétant ou soulignant l’actualité politique et les événements que les nations concernées entendent mettre en évidence. Sur la base du calendrier festif, il conviendra de montrer comment la fête, véritable ciment d’une communauté donnée en terre étrangère, s’affirme en tant que haut lieu d’expression de l’identité nationale. Les fêtes patronales et les cérémonies dynastiques d’églises nationales telles que S. Luigi dei Francesi, S. Maria dell’Anima, S. Giuliano dei Fiamminghi et S. Giacomo degli Spagnoli seront au centre de notre réflexion en vue d’analyser la manière dont ces institutions répondent à un double objectif de représentation et de construction de l’identité politique et culturelle nationales, utilisant cependant pour ce faire le « modèle » festif et musical romain.