Abstract :
[fr] La plante marine endémique de Méditerranée Posidonia oceanica, ou posidonie, forme en Corse des herbiers colonisant les substrats depuis la surface jusqu’à 40 m de profondeur. Ces herbiers constituent un véritable écosystème, l’un des plus riches en espèces de Méditerranée. Ils jouent un rôle écologique essentiel en oxygénant le milieu grâce à la photosynthèse et en séquestrant du CO2 au sein de leur complexe racinaire dans le sédiment (ou "matte"). Ces activités métaboliques entraînent une importante modification des conditions biogéochimiques du substrat qui favorisent le maintien de la plante. Les herbiers ont également une grande importance économique servant de nurserie pour de nombreuses espèces exploitées par la pêche commerciale et récréative. Les herbiers de posidonie se développant dans les zones côtières, ils sont impactés par les activités anthropiques (urbanisation, pollution, fermes aquacoles, ancrage) qui peuvent entraîner d’importantes destructions et des régressions de leur zone de recouvrement.
L’ancrage intensif dans les herbiers à faible profondeur y génère des trouées, ou "intermattes". Les destructions engendrées par les navires de petite taille (< 10 m) peuvent, dans certaines conditions, être recolonisées par la posidonie. Cependant, dans la plupart des zones d’ancrage intensif en Corse, les intermattes ne sont pas recolonisées et leur surface peut souvent augmenter. De plus, certaines zones sont soumises à l’ancrage intensif de navires de plaisance de grande taille (> 20m), susceptibles de générer des intermattes d’une étendue plus importante. Ce phénomène d’expansion ne peut s’expliquer par la seule destruction mécanique.
L’arrachage de la strate foliaire de la posidonie par les ancres semble entraîner de profondes modifications physiques et chimiques dans le sédiment. La photosynthèse via les feuilles étant ainsi altérée, il n’y a plus d’oxygénation du sédiment via les racines de la posidonie et un milieu anoxique défavorable à son développement paraît se créer. Des composés toxiques pour la plante, tel que le sulfure d’hydrogène (H2S), pourraient alors s’introduire dans ses tissues entraînant une limitation de son développement, voire sa disparition menant ainsi à une amplification des dégâts mécaniques de l’ancrage.
Des observations seront réalisées tout autour de la Corse et notamment dans la Baie de Calvi, site atelier de la Méditerranée, qui a été définie pour mener la phase d’expérimentation. Les données récoltées à l’issue de ces travaux de recherches, réalisés dans le cadre d’un doctorat en entreprise (bourse CIFRE), seront compilées afin de mettre au point de nouveaux outils d’analyse de l’impact de l’ancrage.