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Abstract :
[fr] En demeurant sur les éléments répétitifs des textes, nous seront parfois confrontés à une montée de tension qui semble être liée précisément à cette répétition. Le fait même de l'insistance dans un seul élément concentre progressivement les contenus présents dans un centre à chaque fois plus compact. En d'autres termes, une relation d'attente est établie entre le sème duratif d'un procès et le sème terminatif (Greimas & Courtés, 1993: 388). D'autres répétitions, par contre, ne produisent pas ces mêmes impactes. Nous les prenons pour naturelles, et quelques fois pour un élément de cohésion, mais rien de surprenant. Cette hésitation entre les différentes valeurs liées au même mécanisme syntactique nous a amené à la question du niveau de pertinence de la répétition pour les effets observés. Les niveaux d'analyse linguistique selon Benveniste (1995: 127 et ss.) ne se sont pas prouvés productifs, vu que les répétitions dans un même niveau sont parfois pertinentes et parfois pas. Cela peut se vérifier, par exemple, dans l'analyse des rimes d'un poème comme « The raven » de Allan Poe, où la réitération sonore est créatrice de tension. En contraste, les rimes du sonnet 130 de Shakespeare « My mistress' eyes are nothing like the sun » sont aussi signifiantes, mais ne portent pas le même genre de tension. La différence semble demeurer dans le degré saillant de la répétition, c'est-à-dire, si elle est présentée en premier plan ou en arrière-plan. Pour expliciter cette relation, nous faisons appelle à la notion de figure et de fond dans les termes où elle a été incorporée en linguistique (Talmy, 2000; Cadiot & Visetti, 2001). Nous verrons donc que, au delà de la relation spatial présente dans cette notion, elle peut être aussi comprise dans un sens temporel, c'est-à-dire, ce qui a été présenté dans un premier moment comme figure peut passer, dans un deuxième moment, au statut de fond pour une nouvelle figure qui est introduite dans le champ de présence. Cet enchaînement temporel se révèle ainsi essentiel pour l'appréhension de la tension. La linéarité du signifiant apparaît comme une condition pour cet effet, en contraste avec la liberté de lecture des signifiants organisés dans l'espace. Cet exposé propose ainsi d'expliciter la recherche du niveau auquel la répétition devient pertinente pour l'appréhension de la tension en tant qu'effet discursif. Dans ce parcours, nous discuterons, à l'aide d'exemples, l’interaction d'instruments théoriques divers comme la tensivité, la linéarité et la notion figure/fond, pour arriver à une meilleure catégorisation de la position relative de la répétition dans les textes.