[fr] La crise généralisée qui, depuis quelques années, a affaibli les économies de nombre d’états, a eu des conséquences sur la typologie des migrations internationales : les trajectoires, les projets, les destinations, les départs se sont modifiées en fonction de nouveaux facteurs auxquels les individus et les groupes étaient confrontés (Castles e Vezzoli 2009 ; Arango e González Quiñones 2009 ; Cornelius et al. 2010). A côté de ces macro-dynamiques globales, la crise a également engendré des changements dans la vie quotidienne des migrants lorsqu’ils étaient déjà partis et qu’ils s’étaient déjà installés ailleurs.
Dans ce cadre, ma communication vise à analyser les pratiques d’approvisionnement alimentaire d’un groupe de migrantes marocaines en Italie mettant en place des stratégies (Certeau 1980 ; Sassen 2002 ; Rebughini and Sassatelli, 2008; Sassatelli 2009) pour faire face aux conséquences concrètes de la crise économique (notamment la diminution de leur pouvoir d’achat en conséquence de leur précarité professionnelle). Au travers de plusieurs déplacements dans la ville où elles habitaient et de la mobilisation des réseaux familiaux alimentant des circuits informels d’échange de biens, ces femmes satisfaisaient leurs différentes exigences – parmi lesquelles le désir de performer des préparations propres à leur mémoire incorporée – tout en répondant aux contraintes économiques déterminées par la crise.
Ma tentative sera de démontrer qu’en dépit des difficultés rencontrées, ces femmes arrivaient à exercer une agency dans le nouvel espace vécu et à se positionner de façon active au travers de leurs choix et conduites quotidiennes. Mon analyse se basera sur les exemples collectés lors de ma recherche doctorale concernant les pratiques culinaires de femmes marocaines en contexte migratoire, et elle sera également supportée par des éléments visuels exprimant la matérialité des dynamiques objets d’étude.