Abstract :
[fr] Suite à un accident cérébral grave, les patients peuvent évoluer d’un coma (patient
non-éveillable et inconscient), vers un état végétatif/syndrome d’éveil non-répondant (patient éveillé mais inconscient), vers un état de conscience minimale (patient éveillé et conscient, mais non-communiquant), ou un locked-in syndrome (patient éveillé, conscient, mais ne pouvant exprimer sa conscience que par le biais de mouvements oculaires). L’attribution d’un diagnostic différentiel suite aux évaluations cliniques à l’aide d’échelles comportementales peut se révéler extrêmement complexe avec un taux d’erreurs diagnostiques pouvant toucher plus de 4 patients sur 10 (Childs, Mercer, & Childs, 1993; Schnakers, Vanhaudenhuyse, Giacino, Ventura, Boly et al., 2009c). Ce diagnostic aura un impact tant au niveau éthique que clinique, influant sur les décisions de fins de vie comme sur les soins et traitements prodigués au patient (Demertzi, Schnakers, Ledoux, Chatelle, Bruno et al., 2009; Johnson, 2011). Afin d’affiner le diagnostic des états de conscience altérée, un vaste champ de recherche s’est créé ayant pour but le développement d’outils objectifs complémentaires à l’examen comportemental clinique.
Le but de ce travail s’inscrit donc dans le cadre de la mise au point de techniques permettant de détecter des signes de conscience chez ces patients incapables de communiquer et d’exprimer leur conscience par les voies classiques. En effet, nous avons proposé l’utilisation du sniff controller, une toute nouvelle technique permettant de répondre à la commande par la respiration. Notre paradigme, utilisé pour la première fois auprès de patients atteints de trouble de la conscience, avait pour but de demander aux patients de moduler volontairement leur respiration afin de dépasser un seuil prédéfini. Selon les résultats obtenus, il semble que le sniff controller, moyennant plus d’essais et certaines modifications à apporter au système et au paradigme, pourrait se révéler être un outil complémentaire dans l’évaluation para-clinique de ces patients. En effet, l’utilisation de ce système pourrait se révéler comme plus sensible à la détection de réponse à la commande que les évaluations comportementales. De plus, il s’agit d’une interface peu dispendieuse, relativement simple d’utilisation, transportable au chevet du patient et tout à fait non-invasive. Par ailleurs, en ne reposant pas directement sur l’activité cérébrale, cette technique n’est pas sensible aux artéfacts cérébraux inhérents aux lésions cérébrales rencontrées chez les patients.