Aussiedler; Immigration; Allemagne; Marché du travail; Capital humain; Capital social
Abstract :
[fr] À la fin des années quatre-vingts, une immigration massive en provenance des pays de l’espace anciennement socialiste s’est ajoutée à ce flux. La majorité de ces nouveaux migrants sont candidats à un statut particulier, celui d’Aussiedler, créé en 1953 dans une logique de réparation de la seconde guerre mondiale et des conséquences de la politique hitlérienne. Dès lors, le statut d’Aussiedler est associé à plusieurs privilèges, dont la naturalisation, l’accès sans condition au marché du travail et un soutien financier. Avec l’arrivée de millions d’Aussiedler en provenance d’ex-URSS (Rußlanddeutschen) qui éprouvent des difficultés à s’intégrer, notamment à cause de leur manque de connaissance de l’allemand, le statut d’Aussiedler qui est fondé sur le droit du sang et sur la « germanité » (Deutschtum) pose désormais question. C’est au coeur de cette problématique que ce mémoire s’inscrit en tentant d’apporter un éclairage sur la situation actuelle des Rußlanddeutschen.
Nous avons observé une diminution des privilèges ainsi qu’une évolution des justifications au fur et à mesure que le statut d’Aussiedler était remis en cause. Au changement de vision officielle s’ajoute une évolution du sentiment identitaire des Rußlanddeutschen eux-mêmes, en tout cas parmi les nouveaux arrivants. Se considérant davantage russes qu’allemands, ils se présentent comme des immigrés. Ce processus de banalisation des derniers arrivants est accéléré par une sorte de stigmatisation de ceux-ci par les Rußlanddeutchen arrivés au début de la vague de migration, c’est-à-dire aux alentours de 1990. Les derniers arrivants deviennent ainsi des Outsiders au sens de Norbert Elias, au même titre que d’autres communautés immigrées. Dans ce cadre général, nous nous sommes penchés sur le marché du travail comme espace de banalisation des Rußlanddeutschen. Utilisant les théories du capital humain et du capital social comme fondements, nous avons tenté de comprendre leur situation sur le marché du travail allemand, auquel ils sont censés avoir accès sans condition, privilège lié au statut d’Aussiedler.