Abstract :
[fr] Cette contribution analyse "l'affaire de Saint-Léonard", dénomination qui s'attache à un intense conflit environnemental éclatant au milieu du 19e s. au cœur d'un quartier liégeois, Saint-Léonard, en proie à une forte urbanisation. Il oppose, sur fond de nuisances industrielles, les partisans et détracteurs de la fonderie historique de l'industrie belge du zinc, établie dès 1809 par Jean-Jacques Dony – l'inventeur du procédé liégeois de réduction – et qui sera le berceau d’un géant industriel créé en 1837, la Société anonyme des Mines et fonderies de zinc de la Vieille-Montagne. L'analyse, qui embrasse une chronologie correspondant à l'existence de l'usine, insiste sur le jeu des acteurs et cible, en particulier, les stratégies d'évitement mises en place par les industriels : acquisitions immobilières, indemnisation des riverains, développement d'une expertise sur les nuisances, etc. Les premiers propriétaires parviennent à apaiser les tensions provoquées par les émanations des fours à zinc et l'extension de l'usine. Mais, la question des fumées de zinc s'insinue progressivement dans un débat, plus vaste, sur la salubrité publique. Vers le milieu du siècle, le conflit, par son extension à la sphère politique, force les autorités publiques à sortir de leur habituelle complaisance vis-à-vis de l’industrie et à imposer une série de contraintes techniques à l’usine. À la lumière des brevets et des archives d'entreprise, les réactions des industriels à cette règlementation sont mises en lumière. Quelles furent l'ampleur et la finalité de l'investissement dans la technologie ?