Abstract :
[fr] Depuis les travaux de Jean-Louis FOURNEL et Jean-Claude ZANCARINI, notamment, il est établi que les auteurs florentins qui vécurent à l’époque des guerres d’Italie identifièrent immédiatement la nouveauté et le caractère extraordinaire des faits qui bouleversèrent leur époque. Parmi ceux-ci, le célèbre Nicolas Machiavel mais aussi son ami et contemporain, Francesco Guicciardini, qui, si l’histoire littéraire ne lui a pas toujours fait la part belle, retrouve ces dernières années la place qui lui revient dans celle des idées. Auteur, historiographe mais aussi lieutenant des troupes pontificales lors de la Ligue de Cognac et, donc, acteur de l’histoire en train de se jouer, Francesco Guicciardini est en prise directe avec les événements ; dans sa volumineuse correspondance se mêlent petite et grande Histoire. Or, si le substantif et l’adjectif « contemporaneo » existent en italien depuis Dante au moins, Guicciardini n’en fait l’usage ni dans ses œuvres, ni dans ses lettres qui ne comptent aucune occurrence du terme. Partant de ce constat, je me propose, dans mon article, de relever et d’analyser le langage utilisé par Guicciardini pour nommer le moment auquel il vit, en cerner les contours et la façon dont celui-ci se distingue de ce qui précède pour former un moment à part : les expressions qui disent le présent (tempo presente/tempi presenti, questi tempi, medesimi tempi) et celles qui le caractérisent (conditione de' tempi, extraordinario, tempi strani) ou qui expriment le moyen de l’affronter (remedii conformi a’ tempi) seront, dès lors, au centre de mon attention.