Abstract :
[fr] La loi belge du 13 février 2003 ouvrant le mariage à des personnes de même sexe et modifiant certaines dispositions du Code civil est entrée en vigueur le 1er juin 2003. Si cette consécration du mariage homosexuel a suscité, en Belgique même, quelques remous politiques et médiatiques, elle n'a guère retenu l'attention des cénacles intellectuels et, moins encore, de ceux qui font profession de confronter le discours juridique aux réalités sociales que celui-ci entend régir. Pourtant, pareille réforme se prête aisément à une réflexion pluridisciplinaire approfondie. En particulier, les interférences susceptibles de se nouer entre le champ juridique, où se meut l'initiative législative que je viens d'évoquer, et la sphère philosophique méritent de retenir l'attention. Puisqu'il est ici question de philosophie à propos d'une réforme relative aux droits des gays et des lesbiennes, l'ombre de Foucault ne peut tarder à planer sur ces interférences. Dans cette optique, la loi belge de 2003 constitue l'occasion de reprendre à la racine le problème du traitement juridique, après Mai 1968, de la question de l'homosexualité ou, pour reprendre une terminologie privilégiée par Foucault à partir de la fin des années 1970, de la question gay. Tel est l'objet de la présente contribution.