Abstract :
[fr] Sur l’ensemble des règnes de la XVIIIème dynastie égyptienne, il apparaît, jusqu’assez récemment, que celui d’Amenhotep II a suscité un intérêt moindre de la part des chercheurs, ces derniers lui ayant préféré, de manière générale, ceux plus longs ou historiquement plus déterminants de Thoutmosis III, d’Amenhotep III ou encore d’Amenhotep IV – Akhenaton, et ce bien que plusieurs travaux fondamentaux aient déjà permis de mettre en évidence une série de traits spécifiques à cette période. Le règne d’Amenhotep II se caractérise en effet par une nouvelle gestion du gouvernement, où le phénomène d’hérédité qui s’installait progressivement dans certaines fonctions est endigué mais où, dans le même temps, les membres de quelques familles puissantes et particulièrement proches du roi se voient confier les plus hautes charges de l’administration.
Aussi, pour la réalisation de leurs « demeures d’éternité », véritables cartes de visite de leurs propriétaires et témoins privilégiés des grandes orientations de l’époque, les principaux officiels du règne d’Amenhotep II ont pour la plupart porté leur choix sur la partie supérieure de la colline de Sheikh Abd el-Gourna, site particulièrement prisé pour sa position surélevée comme pour la proximité qu’il entretient avec les temples funéraires royaux. Les tombes de ces dignitaires se distinguent néanmoins de celles de leurs prédécesseurs, par des dimensions colossales, par l’étendue et la complexité des dispositifs intérieurs ainsi que par le choix de représentations et d’inscriptions qui, placées à des endroits stratégiques, soulignent les relations étroites qu’entretenait le propriétaire avec Pharaon.
En outre, le traitement même des scènes figurées est également, à ce moment précis, l’objet de modifications considérables ; l’art pictural, qui se voulait depuis ses origines purement conceptuel et d’apparence hiéroglyphique, s’assouplit à divers égards pour prendre une apparence plus « sensuelle », plus « perceptuelle ». Ces transformations, qui s’amplifieront encore durant les règnes suivants, jettent déjà, en quelque sorte, les bases de ce qui deviendra la « révolution » du règne d’Akhenaton.
Dans ce contexte, la présente thèse vise, au moyen d’une analyse pluridisciplinaire et « intégrée » de la décoration des chapelles du règne d’Amenhotep II, à caractériser dans une perspective socioculturelle les changements iconographiques et stylistiques qui affectent cette production artistique en pleine mutation.