Abstract :
[fr] Périodique scientifique - Dans les diverses réformes conçues et implémentées en vue de moderniser l’administration, l’accent est mis sur les marchés avec un focus particulier sur les citoyens désormais clients (Korunka et al., 2007 ; Thomas, 2012). Alors que les approches initiales du NPM se centraient sur l’efficience, l’applicabilité et la pertinence de techniques managériales importées du secteur privé dans les organisations publiques (Ferlie et al., 1996), les réformes plus récentes tendent à inclure d’autres objectifs tels que la gestion de la qualité, la transparence et le centrage client (Meier & O’Toole, 2007 ; Lapsley, 2008). Du Gay (1996), pour sa part, affirme que le NPM est un projet identitaire, dans la mesure où il vise à redéfinir la main d’œuvre (en termes de profils et compétences recherchées, ciblant la figure du travailleur-entrepreneur en lieu et place du fonctionnaire). Bon nombre d’études interrogent également les paradoxes et les tensions intrinsèques du modèle NPM (Lynn, 1998; Aucoin, 1990; Hood, 2000 ; Goldfish & Wallis, 2010), les difficultés liées à sa mise en œuvre (Mathiasen, 1999 ; Dunleavy et al., 2006 ; Jones & Cole, 2009) ou à l’évaluation de ses outputs concrets pour l’administration (Pollitt, 1993; Hodge, 1999). De façon générale, la littérature met en lumière les effets que ces réformes ont produit sur les différentes facettes de l’administration : ses modes de fonctionnement et ses structures (Gualmini, 2008), son management, ses stratégie et pratiques de GRH (Pichault, 2007), ses missions et son identité organisationnelle (Horton, 2006) mais aussi sur l’ethos (Maesschalk, 2004 ; Fortier, 2010) et la motivation des fonctionnaires (Vandenabeele et Hondeghem, 2007), entre autres éléments. Plusieurs auteurs mentionnent les débats et questionnements identitaires qui se produisent lorsque l’organisation fait face à des situations de bouleversement profond (Albert et Whetten, 1985 ; Dutton et al., 1994 ; Alvesson et Empson, 2008). Dans un processus de réforme, l’organisation se remet en question et s’interroge sur ce qu’elle est, ce qu’elle devient, ce qu’elle veut être, propulsant l’identité organisationnelle au premier plan des préoccupations (Skalen, 2004 ; Meyer & Hammerschmid, 2006). Dans un contexte où l’identité organisationnelle est en proie à tel bouleversement, comment ses membres en font-ils l’expérience ? Ce questionnement, à la base de cet article, se pose en termes d’identification organisationnelle, unissant dans une même équation deux termes centraux : l’identité organisationnelle et les perceptions qu’ont les membres du contexte en évolution. La question que nous adressons est la suivante : dans un contexte d’organisation publique en mutation, quelles sont les dynamiques identitaires à l’oeuvre en regard de la perception des évolutions du contexte des individus ?
A partir de l'analyse de la réforme Copernic (introduction du NPM dans l'administration fédérale belge) réalisée en 2005-2006, nous avons élaboré de manière inductive une typologie des logiques et profils identitaires, issue de l’analyse d’entretiens qualitatifs (Rondeaux, 2007, 2008, 2010). Sur base de celle-ci, nous avons mené une enquête par questionnaires auprès d’une administration régionale belge, engagée dans un processus de modernisation, en vue de vérifier l’existence et la pertinence de cette typologie, au moyen d’une démarche quantitative. Réalisée en 2010, cette enquête illustre en particulier trois aspects :
1. les représentations associées au travail au sein de l’administration en regard de son évolution, et le degré d’identification à l’institution dans ce contexte ;
2. la perception de la modernisation et le rôle de la hiérarchie dans cette perspective ;
3. les identités représentées au sein de l’institution (logiques institutionnalisée et alternatives, profils en congruence ou en dissonance). Nous montrons notamment que la majorité des positions est marquée par la dissonance, principalement relative à la valeur ajoutée de la modernisation et à sa mise en œuvre concrète.
[en] In the course of reform, organizational identity emerges as a prominent issue. While the
process of modernizing the administration sets out to redefine this identity, how is this
experienced by its members? What are the identity dynamics at work in terms of their
perception of changes in their environment?
By analysing the Copernic reform in Belgium, we inductively developed a typology of
identity rationales and profiles (Rondeaux, 2006, 2007, 2008, 2010). On this basis, we
conducted a questionnaire survey in a regional administration engaged in reform. Our
analysis highlights the coexistence of different identity rationales and diverse perceptions
of the environment, which are congruent or dissonant with them. The results
underline the importance of the environment and of its perception in organizational
identification processes and confirms the hypothesis of identity hybridization, providing
also an empirical basis for the integrative approach of Ravasi and Schultz (2006).
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