Abstract :
[fr] Le texte discute les émotions d’étonnement, d’émerveillement, d’admiration, générées par la rencontre avec quelque chose d’hors du commun et d’exceptionnel, et leur fonction par rapport à la représentation du divin. Evidemment, le sujet qui dérive de ce propos est potentiellement immense et sans limite, mais j'ai restreint ma perspective sur l’Egypte ptolémaïque du IIIe siècle, en particulier sous le règne de Ptolémée II (285/4-247/246). Mon intérêt n’est donc pas d’offrir une documentation exhaustive, mais plutôt de vérifier , à l’aide d’incursions dans des dossiers précis, la validité de quelques hypothèses assez répandues, mais souvent acceptées au niveau bibliographique plutôt qu’étudiées dans les différents volets culturels et religieux que les sources nous invitent à creuser : 1) le goût pour le spectaculaire connut un succès particulier à l’époque hellénistique, surtout à travers le médium de l’opsis, la vue ; 2) l’exhibition d’objets et de scènes spectaculaires et hors du commun, ainsi que les émotions d’étonnement et d’émerveillement qui sont engendrées, acquirent un rôle de premier plan dans la communication religieuse entre les sphères humaine et divine ; 3) ce lien particulier entre le spectacle et la manifestation de la puissance divine fut promu et adopté par les cours hellénistiques afin de développer une représentation efficace de la puissance divine, en particulier par rapport aux divinités proches des intérêts idéologiques des souverains, et donc aussi aux souverains eux-mêmes, récemment élevés, par le biais des cultes royaux, au statut de puissances protectrices et bienveillantes envers leurs sujets.