Abstract :
[fr] Festival d’Angoulême, 2010 – le jeune prodige belge Brecht Evens reçoit le Prix de l’audace pour son premier album (Les Noceurs). L’année suivante, il confirme avec une nouvelle bande dessinée, Les Amateurs. L’histoire est convaincante : un artiste en mal d’inspiration accepte l’invitation d’une biennale d’art dans un village de la Flandre rurale. Mêlé à une bande d’amateurs doucement décalés, et dont il prend naturellement le leadership, Pieterjan propose la réalisation collective d’un nain de jardin géant en papier mâché. Le récit entraîne son lot de personnages inadaptés en quête de monumental. Utopique, leur projet finit dans la débâcle. Comment mieux parler de l’art actuel qu’en s’approchant si près de ses protagonistes les plus sincères ? Evens parvient à faire vibrer ses personnages, traversés par de multiples états : amertume, nostalgie, cruauté, euphorie, puis découragement. Trois traits de pinceaux suffisent à rendre un visage expressif. L’auteur alterne séquences brèves, dialogues rythmés et plans panoramiques. Il sort des codes du genre dans un roman graphique sans cases, sans bulles, où les personnages évoluent librement et semblent comme flotter au fil des pages, puis dans des décors somptueux. Evens travaille en couleur directe à l’aquarelle et profite des effets de transparence et de superposition de son matériau. Ses personnages se dissolvent, s’effacent, deviennent ombres, taches. Visuellement, l’œuvre du jeune dessinateur flamand est envoûtante.