Abstract :
[fr] La métaphore des lucioles est empruntée à la pensée de Pier Paolo Pasolini – auquel la première partie de l’ouvrage rend hommage. La luciole figure l’action créatrice et résistante, forcée de se faire discrète en temps obscurs mais continuant, malgré tout, à émettre sa lumière (une petite lueur bien différente des coups de flash féroces de la société spectacularisante et fascisante). Les lucioles font exception ; ce sont autant de « moments de grâce qui résistent au monde de la terreur ». Mais le pessimisme finit par tacher même la pensée de Pasolini qui, dépité, se lamente en 1975 du « génocide des lucioles ». Là où Pasolini baisse les bras, Didi-Huberman reprend de plus belle : il faut continuer à « voir l’espace – fût-il interstitiel, intermittent, nomade, improbablement situé – des ouvertures, des possibles, des lueurs, des malgré tout ». Comme Burckhardt et Warburg avant lui, Pasolini avait pourtant su se rendre attentif aux cultures mineures, particulières et populaires. Et c’est là, dans ces lieux minorés de la production d’images, que l’on peut déceler les forces créatives les plus subversives.