Métaphysique; Alexandre d'Aphrodise; Aristote; Tradition; Commentaire; Interprétation; Aristotélisme; Science; Post-hellénistique; Metaphysics; Aristotle; Alexander of Aphrodisias; Commentary; Interpretation; Aristotelism; Post-hellenistic
Abstract :
[fr] Le terme de « métaphysique » ne se lit pas chez Aristote. Les livres rassemblés sous ce titre ne cessent d'interroger leurs lecteurs quant à leur unité. La science ainsi désignée, enfin, semble contrevenir aux règles communes de la scientificité aristotélicienne. Désigner Aristote comme le « fondateur de la métaphysique » fait dès lors problème. L'hypothèse du présent travail est que cette fondation engage l'œuvre des commentateurs d'Aristote, au premier chef desquels se situe Alexandre d'Aphrodise. L'Exégète par excellence ouvre la possibilité de « faire de la métaphysique » sans que cela signifie seulement commenter Aristote. Alexandre travaille en effet à faire de la Métaphysique un livre et à instituer la métaphysique une science une. Selon l'Aphrodisien, la métaphysique est cette science à la fois universelle et première, à la fois science modèle et fondatrice des autres sciences. Elle s'articule en trois programmes principaux : l'étude générale de l'étant en tant qu'étant, celle de la substance et celle enfin de la cause première. Ces trois programmes sont distincts, mais coordonnés et suffisamment proches pour ne pas pouvoir être étudiés par une autre science, ni éclatés entre diverses sciences. Ils progressent à chaque fois par un passage d'une généralité à son maximum et sa cause. Ainsi la substance est-elle cause de l'être des autres étants et étant au maximum. Ainsi la cause première est-elle intelligible au plus haut point et cause de l'intelligibilité du monde. L'Exégète offre une interprétation forte de l'unité de la Métaphysique et de celle de la science correspondante. C'est dans et par cette reprise que les écrits du Stagirite sont devenus proprement fondateurs.