Critique littéraire; Roland Barthes; Poétique; Autobiographie; Journal personnel
Disciplines :
Literature
Author, co-author :
Stienon, Valérie ; Université de Liège - ULiège > Département de langues et littératures romanes > Litt. française (19è et 20è) - Sociologie de la littérature
Language :
French
Title :
Roland Barthes et son Journal : de l'inclination à la délibération
Publication date :
December 2009
Journal title :
Études Françaises
ISSN :
0014-2085
eISSN :
1492-1405
Publisher :
Presses de l'Université de Montréal, Montréal, Canada
Cet article est repris dans les œuvres complètes (nouv. éd. en cinq volumes, revue, corrigée et présentée par Éric Marty), t. V, Paris, Seuil, 2002, p. 668-681
Celui des Marx Brothers: «[...] relisant mon journal, je puis barrer une note après l'autre, jusqu'à l'anéantissement complet de l'Album, sous prétexte que "cela ne me plaît pas" : ainsi font, à deux, Groucho et Chico Marx, en lisant et déchirant au fur et à mesure chaque clause du contrat qui doit les lier» («Délibération», art. cit., p. 679)
Pour une énumération plus complète (encore que non exhaustive...), lire Philippe Lejeune, « Le journal en procès », dans Philippe Lejeune (dir.), L'autobiographie en procès. Actes du colloque de Nanterre, 18-19 octobre 1996, Nanterre, Université de Paris X - Centre de Recherches Interdisciplinaires sur les Textes Modernes, coll. «RITM», 1997, p. 67
Philippe Lejeune, L'Autobiographie en Procès. Actes du Colloque de Nanterre, Ibid., p. 62
Philippe Lejeune, L'Autobiographie en Procès. Actes du Colloque de Nanterre, Ibid., p. 66
Gérard Genette, «Le journal, l'antijournal», Poétique, n°47, Paris, Seuil, septembre 1981, p. 315-322
Gérard Genette, Poétique, Ibid., p. 315
En 1970, à la suite d'un séminaire à l'École pratique des hautes études (œuvrej complètes, op. cit., t. III, p. 527-601). Avec le judiciaire (qui vise l'action et la défense et s'applique aux actes passés) et l'épidictique (concernant l'éloge et la critique et se rapportant au présent), le délibératif est un des trois genres oratoires dont la théorisation remonte à l'Antiquité
«Texte à deux (parties)» (entretien de 1977), dans œuvres complètes, op. cit., t. V, p. 385
Philippe Amen, « Roland Barthes diariste », Littératures, n° 20, Toulouse, printemps 1989, p. 107-114. Ces pages sont essentiellement consacrées à l'étude de l'originalité des « Soirées de Paris »
Bernard Comment, Roland Barthes, vers le neutre: essai, Paris, Christian Bourgois, 1991, p. 193-206. L'auteur est amené à considérer le statut du journal en tant qu'il a pu alimenter le fantasme d'une écriture de la transparence, du Neutre, en raison du lien privilégié qu'instaure l'écriture diariste entre le sujet et le monde
Claude Coste, Roland Barthes moraliste, Lille, Presses Universitaires du Septentrion, coll. «Objet», 1998. Si le lien à la morale apparaît furtivement et tend à être remplacé par un commentaire, d'ailleurs éclairant, des textes du critique- écrivain, cette étude se devait néanmoins d'aborder le cas du Journal, qui interroge la place de l'Autre dans une écriture supposée solipsiste
Éric Marty, «Roland Barthes et la question du genre. Le Journal», dans Raphaël Baroni et Marielle Macé (dir.), Le savoir des genres, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2007, coll. «La licorne», p. 85-95. L'article souligne la nuance fondamentale qui distingue l'écrire du tenir concernant une pratique impliquant des contraintes de régularité, de durée, d'ampleur et de contingence. À cette nuance s'ajoute la mise en évidence de la dichotomie journal-genre/journal-texte inscrivant la réflexion barthésienne dans la tradition antigénérique initiée par la modernité
La préparation du roman I et II. Notes de cours et de séminaires au Collège de France: 1978-1979 et 1979-1980 (texte établi et annoté par Nathalie Léger), Paris, Seuil-Imec, coll. « Traces écrites », 2003, p. 46
«[...] si j'étais écrivain, et mort, comme j'aimerais que ma vie se réduisît, par les soins d'un biographe amical et désinvolte, à quelques détails, à quelques goûts, à quelques inflexions, disons : des «biographè mes»», œuvres complètes, op. cit., t. III, p. 706
Certes, le journal personnel a une fin, mais comme le remarque Philippe Lejeune, cette fin, matérielle, est rarement textuelle (programmée par le texte lui-même), sauf dans le cas de journaux «spé cialisés», tel le journal de voyage, qui trouve son terme avec celui du périple qu'il relate. C'est pourtant sur le décès de leur scripteur que s'achèvent la plupart des journaux, chaque jour noté devenant dès lors, rétrospectivement, ce qui a différé l'échéance mortelle (Philippe Lejeune, «Comment finissent les journaux», dans Philippe Lejeune et Catherine Viollet [dir.], Genèses du «Je». Manuscrits et autobiographie, Paris, CNRS Éditions, coll. «Textes et Manuscrits», 2000, p. 209-229). De ce fait, la tenue d'un journal n'est qu'illusoirement vécue comme une écriture sans fin, chaque entrée semblant appeler la suivante, dans l'enchaînement infini des débuts qui substitue à l'idée d'achèvement celle, dilatoire, de suite
«Aimant à trouver, à écrire des débuts, il tend à multiplier ce plaisir, voilà pourquoi il écrit des fragments: autant de fragments, autant de débuts, autant de plaisirs (mais il n'aime pas les fins: le risque de clausule rhétorique est trop grand: crainte de ne savoir résister au dernier mot, à la dernière réplique)», Roland Barthes par Roland Barthes, dans œuvres complètes, op. cit., t. IV, p. 671
À propos des livres de Roland Barthes résultant d'une demande commerciale préalable, consulter Antoine Compagnon, «Le Roman de Roland Barthes», Revue des sciences humaines, nos 266-267, 2002, p. 204
Catherine Rannoux, Les fictions du journal littéraire. Paul Léautaud, Jean Malaquais, Renaud Camus, Genève, Droz, coll. «Histoire des idées et critique littéraire», 2004, p. 9
Antoine Compagnon, « Roland Barthes en saint Polycarpe », dans Les antimodernes. De Joseph de Maistre à Roland Barthes, Paris, Gallimard-NRF, coll. « Bibliothèque des Idées », 2005, p. 404-440 (section II, chapitre 7). Dans les leçons au Collège de France, Antoine Compagnon entend la voix réprobatrice de Roland Barthes, soudainement réactionnaire, déplorant les conditions de la littérature jusqu'à se lamenter sur la négligence de la facture matérielle du livre actuel. Compagnon montre comment cette position antimoderne, loin d'être neuve, peut se lire dès les premiers écrits du critique-écrivain s'étant toujours déclaré «à l'arrière-garde de l'avant-garde»
«[...] vers 1850, il commence à se poser à la Littérature un problème de justification: récriture va se chercher des alibis; et précisément parce qu'une ombre de doute commence à se lever sur son usage, toute une classe d'écrivains soucieux d'assumer à fond la responsabilité de la tradition va substituer i la valeur-usage de l'écriture, une valeur-travail. L'écriture sera sauvée non pas en vertu de sa destination, mais grâce au travail qu'elle aura coûté. Alors commence à s'élaborer une imagerie de l'écrivain-artisan qui s'enferme dans un lieu légendaire, comme un ouvrier en chambre et dégrossit, taille, polit et sertit sa forme [...]. Cette valeur-travail remplace un peu la valeur-génie [...]» («L'artisanat du style », dans œuvres complètes, op. cit., t.I, p. 209)
Cette appréciation du rôle récupérateur de l'écriture au sein du Journal apparaît comme l'inversion de la pensée blanchotienne exprimée vingt ans plus tôt dans une autre polémique sur le journal, qui concède à celui-ci le rôle de «garde-fou contre le danger de l'écriture», cette dernière n'étant pas ce qui récupère la note quotidienne mais ce qui « altère le jour » 'Maurice Blanchot, « Le journal intime et le récit », Le livre à venir, Paris, Gallimard, coll. «Idées», 1959, p. 271-279 [chapitre 8])
Sur les parentés du journal intime et du capitalisme bourgeois, consulter Béatrice Didier, « Essai de socio-critique », dans Le journal intime, Paris, PUF, coll. « Sup », 1976, p. 47-84 (chapitre 2)
Jean-Paul Sartre, L'être et le néant. Essai de phénoménologie ontologique, Paris, Gallimard-NRF, coll. «Bibliothèque des Idées», 1943, p. 105
On reproduit ici l'extrait significatif qui concerne directement l'écriture du journal intime: «Comment pouvons-nous amorcer même, dans le discours, dans la confession, dans l'examen de conscience, un effort de sincérité, puisque cet effort sera voué par essence à l'échec [...]. Il s'agit en effet pour moi, lorsque je m'examine, de déterminer exactement ce que je suis, pour me résoudre à l'être sans détours [...]. Mais qu'est-ce à dire, sinon qu'il s'agit pour moi de me constituer comme une chose?» (L'être et le néant, op. cit., p. 102-103)
Lors du second cours au Collège de France : Le neutre, notes de cours et de séminaires au Collège de France, 1977-1978 (éd. Thomas Clerc), Paris, Seuil-Imec, coll. «Traces écrites», 2002, p. 172-174
«[...] pourquoi ne parlerais-je pas de "moi", puisque "moi" n'est plus "soi"?» (Roland Barthes par Roland Barthes, dans œuvres complètes, op. cit., t. IV, p. 740)