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Abstract :
[fr] Les pratiques de catégorisation juridico-bureaucratique, mais aussi rhétorique occupent une place centrale au niveau des processus de constitution et de réinvention continuelle des Etats-nations comme les travaux de nombreux historiens l’ont montré. Aujourd’hui encore, la production et la circulation de catégories de l’altérité comme « immigré », « réfugié », « sans papier », « clandestin », « jeune des banlieues », etc. peuvent être pensées en rapport avec la constitution du « citoyen national » ainsi qu’avec valeurs et principes qui lui sont associés. Ces pratiques de catégorisation de la population participent de processus d’institution de relations de pouvoir. Ils touchent aux questions de construction sans cesse renouvelée de la légitimité des Etats, mais aussi au processus d’identification des groupes concernés.
Cette problématique et cette dialectique « légitimation-identification » est particulièrement intéressante à étudier dans le cas des travailleurs d’origine rurale en République populaire de Chine. On s’intéressera à ces pratiques et luttes autour des catégories de discours car celles-ci participent, de configurations complexes d’institutions, de pratiques de contrôle social et de gouvernement. Ces catégorisations sont tour à tour le produit de ces configurations tout comme elles les constituent. Dans notre exposé, à travers une confrontation entre différents matériaux (presse, littérature migrante, chansons, entretiens, etc.), nous nous pencherons sur les relations de pouvoir et les luttes que recèle la catégorie de dagong (打工). Nous montrerons qu’elle cristallise tout un réseau de principes et de valeurs centraux dans la société chinoise post-maoïste et que la figure du « travailleur rural » (dagongzhe) concentre sur elle un champ normatif très dense. Nous nous poserons également la question de savoir quels outils conceptuels utiliser afin d’appréhender ces processus.