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Abstract :
[fr] L’étude des cultes de l’île de Cos vise à discerner les modalités selon lesquelles une cité grecque organise ses relations avec le monde supra-humain. L’exposé est articulé en deux volets complémentaires. La première partie propose une analyse systématique des différents cultes attestés dans l’île, fondée sur l’exploitation de toutes les sources à disposition, épigraphiques principalement, mais également littéraires et archéologiques. Les cultes sont ordonnés selon une répartition géographique, ceux de la cité, puis des dèmes. Le sanctuaire de l’Asclépieion, situé à quelques kilomètres à l’extérieur de la ville de Cos et jouissant d’une cohérence propre, fait l’objet d’un chapitre à part. Cette analyse exhaustive, incluant les nouvelles inscriptions publiées en nombre ces dernières années et encore peu étudiées, permet de pallier une lacune dans la bibliographie actuelle. La seconde partie du travail se conçoit comme une synthèse de cette analyse des cultes et propose une réflexion sur le fonctionnement du polythéisme tel que la cité de Cos permet de le saisir. Le premier chapitre, consacré aux « configurations du panthéon », s’attache à définir, dans la mesure du possible, le profil des divinités qui constituent ce dernier, ainsi que les relations qui se nouent entre elles. L’intérêt d’une telle approche régionale est de pouvoir ancrer ces cultes dans le contexte historique auquel ils appartiennent, et cela se justifie d’autant plus que les panthéons locaux « cristallisaient » les préoccupations des communautés qui les construisaient. Ainsi, on observe qu’un événement particulier de l’histoire de l’île a eu une influence remarquable sur l’organisation des cultes. Il s’agit du synécisme de 366 avant notre ère, qui a vu l’unification des différentes communautés en une seule cité, dont le centre urbain a été fondé sur la pointe nord de l’île. Cette influence résulte notamment en une orientation spécifique conférée à une série de cultes, qui mettent une emphase particulière sur la communauté et sur l’unité de la cité, tels que ceux de Zeus Polieus ou d’Aphrodite Pandamos. En outre, et en dépit de l’ancrage local de cette étude, le recours fréquent à la comparaison avec les panthéons d’autres cités grecques permet d’inscrire largement l’interprétation de celui de Cos sur un plan panhellénique. À côté de cette réflexion sur le panthéon de Cos, un second chapitre se propose d’affiner l’interprétation de certaines procédures sacrificielles, décrites dans les inscriptions et évoquées dans la première partie, et de les mettre en perspective par rapport au reste de la documentation de Cos. Une telle étude contextuelle du sacrifice a l’avantage d’apporter un éclairage complémentaire aux études thématiques plus générales, qui ne permettent guère de remettre les pratiques en contexte. L’acte sacrificiel étant au cœur du système religieux des Grecs et de leur communication avec le monde supra-humain, son étude ne peut être dissociée de celle de la représentation du divin. Ainsi, la manière dont ces actes sacrificiels sont posés est porteuse de sens quant au profil du destinataire ou encore au message précis qui lui était adressé. En conclusion, par les diverses configurations qu’elle met en évidence, qu’elles relèvent de spécificités locales ou de représentations plus largement partagées, l’étude des cultes de Cos permet d’apporter une contribution à notre compréhension du système religieux des Grecs et de son imbrication dans la vie des communautés.