Contribution to collective works (Parts of books)La dépendance au cannabis : propriétés addictives, tolérance et sevrage
Quertemont, Etienne; Tirelli, Ezio
2010 • In Seutin, Vincent; Scuvée, Jacqueline; Quertemont, Etienne (Eds.) Regards croisés sur le cannabis
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Abstract :
[fr] En dépit de controverses récurrentes, les données expérimentales récoltées dans de nombreuses études animales et humaines indiquent que le cannabis présente toutes les caractéristiques associées aux autres drogues toxicomanogènes. Le cannabis induit manifestement une dépendance psychologique primaire chez l’homme et les modèles animaux ont démontré qu’il possède des propriétés renforçantes, quoique de moindre intensité que celles d’autres drogues comme la cocaïne ou les opiacés. La consommation chronique de cannabis produit une tolérance envers certains de ses effets, ce qui est susceptible d’entraîner un accroissement des doses utilisées par un utilisateur régulier. On reconnaît aussi au cannabis la capacité d’induire une véritable dépendance physiologique chez les plus gros consommateurs. Cette dépendance physiologique se manifeste par un syndrome de sevrage typique lors de l’arrêt de la consommation. Toutefois, il est clair que la dépendance au cannabis (aussi bien psychologique que physiologique) est moins sévère que celle induite par d’autres drogues majeures comme l’alcool, la cocaïne ou les opiacés. De plus, elle ne concerne qu’une petite fraction des consommateurs de cannabis.
Depuis de nombreuses années, on s’interroge sur le risque d’escalade vers la consommation de drogues « plus dures » que produirait la consommation de cannabis. Les études scientifiques ont clairement démontré qu’il existe un lien statistique significatif entre usage de cannabis et consommation d’autres drogues illicites. Toutefois, la nature de cette relation statistique reste controversée. Selon les tenants de « la théorie de la porte d’entrée », le cannabis conduit directement, par des mécanismes biologiques, psychologiques ou sociaux, à une augmentation du risque de consommer des drogues telles que la cocaïne ou l’héroïne. Au contraire, les adeptes de « la théorie du facteur commun » soutiennent que les consommations de cannabis, d’héroïne ou de cocaïne sont expliqués par des facteurs généraux identiques, conduisant ainsi à une relation statistique qui ne serait qu’apparente et en aucun cas de nature causale. A l’heure actuelle, les données expérimentales disponibles ne permettent pas de trancher définitivement entre ces deux théories explicatives.