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Abstract :
[fr] Dans le monde académique, la notion de validité est centrale. Elle est un critère incontournable de scientificité et l’une des pierres angulaires de la recherche. En psychologie, on parle autant de la validité d’un outil de mesure (questionnaire, test ou autre), que de la validité des catégories diagnostiques, ou des connaissances produites par une recherche.
C’est dans le domaine des sciences expérimentales que cette notion est le plus souvent convoquée. S’il existe de nombreux types de validité, le plus fréquemment évoqué dans ce contexte est la validité interne : il s’agit de s’assurer que les effets observés sur la variable dépendante sont bien liés à la manipulation de la variable indépendante, à l’exclusion de toute autre. Par exemple, un essai contrôlé randomisé évaluant l’effet d’un antidépresseur sur la symptomatologie dépressive, comprendra des processus de contrôle visant à maximiser la probabilité que les effets observés soient exclusivement liés à la molécule introduite. Un autre type de validité dans ce champ est la validité externe (Myers & Hansen, 2007). Elle concerne la généralisabilité des découvertes à des cadres autres que ceux de la situation expérimentale.
La domination de l’approche expérimentale, le caractère artificiel des designs méthodologiques qu’elle implique, a fait dire à McNemar (1946) que la science actuelle du comportement humain était en fait la science du comportement des étudiants de deuxième année universitaire. Baumeister et collègues (2007) affirment, de manière aussi provocatrice, que la psychologie existante est une science de l’auto-rapport et des mouvements du doigt. Dans la même lignée, pour les cliniciens-chercheurs, apparaît généralement une préoccupation relative à la similarité entre contexte de recherche et contexte clinique. Celle-ci invite à sortir de l’approche expérimentale. Visentini (2024) argue que l’élection du dispositif psychanalytique comme contexte de recherche est le moyen privilégié pour fournir des résultats intéressant l’analyste. Lepoutre (2016) affirme que le savoir de la psychanalyse passe inévitablement par l’exercice de la psychanalyse. Or, on trouve conceptualisé, en psychologie environnementale, un « type » de validité bien moins connu, notamment des cliniciens, et relatif à cette préoccupation : la validité écologique (Brunswik, 1943 ; Gibson, 1979 ; Lewkowicz, 2001). Cette notion invite à penser la validité des connaissances produites aux fins de leur application dans les situations « quotidiennes ». Peut-elle nous aider à donner ses lettres de noblesse à la psychologie clinique et à la psychanalyse comme sciences empiriques non expérimentales (Visentini, 2024) ?