Quand le faux décrit l'original. Autour d’un privilège pontifical forgé à Saint-Gall au début du Xe siècle (J3 †7492)

Parmi les privilèges pontificaux forgés durant le haut Moyen Âge, un document conservé au Stiftsarchiv de Saint-Gall (ms. A1 B2) retient particulièrement l’attention : attribué au pape Jean X et daté du 22 février 919, cet acte confirme les privilèges de l’abbaye de Saint-Gall, notamment le droit de la libre élection de son abbé. Fait remarquable, le document affirme avoir été établi sur une feuille de parchemin, grâce à une dispense exceptionnelle de l’évêque de Rome, et avoir été validé par l’apposition d’un sceau. Or, ces pratiques s’écartent nettement des traditions de la chancellerie pontificale altomédiévale. Dans ma communication, j’entends explorer la manière dont cette forgerie a vu le jour, en particulier les stratégies déployées par le faussaire afin de lui conférer une apparence d’authenticité, supposément conforme aux traditions romaines. Deux éléments ont retenu son attention dans cette démarche : l’usage du parchemin à la place du papyrus et la mention d’un sceau, faisant référence aux bulles de plomb. Ce faux renferme de précieuses informations sur la manière dont un public franc se représentait l’acte pontifical original.