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Abstract :
[fr] Des années 1610 aux années 1650, la Principauté de Liège est traversée par des luttes civiles récurrentes, sur fond de guerre de Trente Ans. Deux factions s’opposent : les Chiroux, partisans du prince-évêque Ferdinand de Bavière et proches de la maison de Habsbourg, et les Grignoux, défenseurs de l’autorité civile, alliés de la monarchie française et liés par des intérêts communs, notamment marchands et républicains, avec les Provinces-Unies.
Je souhaiterais aujourd’hui proposer une communication consacrée aux temps de la guerre civile en milieu urbain. L’objectif est d’étudier comment la stasis est à l’origine de la production d’une pluralité de temporalités, qui articulent des champs d’expérience et des horizons d’attente socialement, politiquement et religieusement divers, voire antagoniques. Mon intervention s’articulera en trois temps.
D’abord, je proposerai un bref panorama des rythmes de la guerre civile : longues périodes de calme, événements politiques, veillées d’arme, trame des déprédations ordinaires, oscillation des productions polémiques, poussées de violence extrême et, en contrepoint, moments de paix et de réjouissances. Je montrerai comment ces rythmes de la lutte civile s’articulent aux manières d’habiter la ville et aux traces documentaires qu’ils ont laissés.
Ensuite, je m’arrêterai sur un événement emblématique, appelé par l’historiographie « l’assassinat de Sébastien La Ruelle » en 1637. Cet épisode, par sa violence et par l’écho documentaire qu’il suscite, invite à réfléchir à ce que la violence urbaine fait aux documents et à ce que les documents, en retour, font de l’actualité.
Enfin, je ferai un pas de côté avec une source singulière : le livre de compte du chanoine Jean Lintermans. A travers son analyse serrée, je souhaiterais montrer comment le présent de la guerre civile entre en résonnance avec le quotidien d’un membre de l’élite religieuse urbaine, jusqu’à en déterminer en creux les conditions matérielles d’existence et les modes d’écriture.