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Keywords :
épistémologie sémiotique, communication environnementale, aires protégées, Afrique centrale
Abstract :
[fr] La sémiotique, science des signes, n’est pas restée dans son carcan d’antan. Depuis des décennies, elle a dépassé cet objet pour embrasser un large éventail d’objets d’études qui vont des objets comme l’architecture, l’urbanisme, les design d’objets, les stratégies des marchés (Floch 1990), aux situations ou expériences. L’unité d’étude n’est plus le signe pris comme tel, mais des ensembles signifiants. Dans ce cadre, le discours en tant qu’ensemble signifiant est appréhendé comme « un tout de signification » (Greimas, 1968). Pris comme unité d’analyse, il « permet de saisir non seulement des produits figés ou conventionnels de l’activité sémiotique (les signes, par exemple), mais aussi et surtout les actes sémiotiques eux-mêmes […] » (Fontanille [1998] 2016, p. 81). Ce que ne permettraient pas les signes, analysés en tant que tels (ibid.). Selon A.J. Greimas, ce qui caractérise le fonctionnement du discours est notamment l’effort que déploie le destinataire pour sélectionner les données transmises (Greimas, 1968). Le discours est alors, non seulement le lieu de la manifestation de la signification mais en même temps le moyen de sa transmission (ibid.).
Cette donne permet notamment d’analyser des questions discursives de la communication environnementale dans les rapports entre la production et la réception des messages, des aspects sensibles de la situation communicative. L’étude que nous proposons ici cherche à souligner l’impact épistémologique de la sémiotique dans l’analyse de la gestion des questions environnementales. Elle se focalise sur les rapports entre acteurs écologiques dans les aires protégées (AP) du bassin du Congo, théâtre d’une communication conflictuelle entre deux protagonistes engagés, à savoir les pouvoirs publics et les communautés locales. D’un côté, les premiers, considérant leur rôle organisateur dans la gestion de l’État, tentent d’inciter, grâce aux politiques mises en place, des comportements susceptibles de répondre aux défis climatiques de l’heure. De l’autre côté, les secondes, revendiquant leur droit de propriété sur les terres qui abritent ces aires se considèrent marginalisées par ces politiques ; elles tentent à tout prix de s’en soustraire. Il s’ensuit une tension permanente dans les relations sujet – sujet (Coquet 1973 ; Moreno 2017) dans l’anthropocène qui impacte sérieusement les rapports homme – faune – flore dans ces vastes régions naturelle d’Afrique centrale, enjeu aujourd’hui des mesures d’encadrement pour lutter contre le réchauffement climatique à l’échelle planétaire.
À partir d’un corpus d’échanges entre pouvoirs publics et communautés locales enregistrés entre 2020 et 2023, l’étude décrit les effets de sens des modèles de communication à la base de ces tensions et tente de projeter, en s’appuyant sur les récentes approches sémio-anthropologiques (voir notamment Boutaud & Lardellier 2003), des schémas de médiation « société – naturalité » susceptible d’agir sur la crise. Des schémas qui, sur base de ces approches, portent l’attention sur « les interactions entre les humains, les collectifs [que constituent ces communautés locales], les milieux qu’ils habitent et les imaginaires qu’ils projettent dans leurs mondes de sens » (Fontanille & Couégnas 2018).
Event name :
Colloque du GER ComEnSS (Communication, Environnement, Science et Société) | GER ComEnSS Colloquium (“Communication, Environment, Science and Society” Study and Research Group)