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Abstract :
[fr] Rencontre avec Sibylle Gioe, avocate en droits humains et étrangers et présidente de la ligue des droits humains et François Debras, politologue à l’Université de Liège et à l’HELMO.
La Belgique est dotée d’un arsenal législatif pour lutter contre le racisme et les discriminations. Mais qu’en est-il des discours qui se propagent en ligne, parfois comme une trainée de poudre et qui s’installent dans les débats médiatiques. Des leviers, tels que le cordon sanitaire, existent dans les médias, mais prennent-ils en comptent l’évolution des discours qui jouent sur les limites de la liberté d’expression.
L’attribution du qualificatif « extrême droite » à un discours, une proposition ou un parti politique est une tâche délicate. L’extrême droite a évolué au fil du temps, rendant sa définition plus complexe, notamment en raison des stratégies de « dédiabolisation » visant à contourner les législations contre le racisme et la discrimination. Cette évolution a vu l’émergence de discours plus subtils, où les termes « race » sont remplacés par « culture » ou « religion », et où l’hostilité envers des groupes spécifiques est masquée par des euphémismes.
Dans ce contexte, François Debras et Sybille Gioe propose trois outils pour affiner cette qualification. Le premier consiste à évaluer les propositions politiques en fonction des droits humains. Les droits humains représentent le socle commun, le centre de gravité des démocraties modernes. Dès lors, la question à se poser lorsque l’on se retrouve face à un discours, c’est de définir son objectif. Ce discours prône-t-il l’inégalitarisme et le rejet des libertés fondamentales en opposition avec ces droits humains, ou au contraire prône-t-il l’égalité et le respect de ces droits ? Le deuxième outil se concentre sur l’analyse critique des discours, décodant les métaphores et figures de style pour révéler les idéologies cachées derrière des propos qui, bien qu’implicites, peuvent structurer des narrations d’extrême droite. Le troisième outil propose enfin une comparaison avec des référents historiques. En Belgique, par exemple, le « plan en 70 points » du Vlaams Blok a servi de référence pour identifier les discours et programmes qui s’apparentent à l’extrême droite.
En fin de compte, ces outils permettent de dépasser les étiquettes simplistes pour offrir une analyse plus nuancée et contextualisée des discours, souvent qualifiés aujourd’hui de « discours gris ».