Tailler ! Pour quoi faire…et comment : recherches expérimentales en cours sur l’identification des techniques de taille

L’intérêt pour les techniques de taille des matières siliceuses est à peu près aussi vieux que l’archéologie préhistorique elle-même. Ce n’est toutefois qu’à partir des années 1970 que cet intérêt donne naissance à une véritable problématique de recherche, avec une question centrale : peut-on – et si oui, comment – identifier les techniques utilisées au cours de la Préhistoire ? De nombreuses expérimentations ont été ainsi menées depuis 50 ans, mais les efforts déployés ont généralement débouché sur une absence de consensus quant à l’utilité des stigmates et attributs pris en compte dans la reconnaissance des techniques. Qui plus est, la technologie lithique a largement ignoré la part non visible (à l’œil nu) de ces stigmates, alors que l’existence de traces microscopiques de taille était démontrée par la tracéologie dès les années 1960. Laissées de côté par la technologie lithique et retenant assez peu l’attention de la tracéologie, dont ce n’est pas l’objet d’étude principal, les traces microscopiques de taille sont restées un angle mort de la recherche.
Dans cette communication, nous présenterons un protocole de débitage expérimental de lames, depuis la sélection des tailleurs jusqu’à la procédure d’analyse du référentiel, et défendrons l’intérêt de multiplier les échelles d’observation des traces de taille. Nous insisterons aussi sur l’importance d’analyser séparément l’effet des principales variables en jeu dans l’exécution d’une technique (selon la définition de J. Tixier : le mode d’application de la force, l’outil et le comportement du corps) et montrerons, à cette fin, comment des outils statistiques adaptés peuvent nous aider à mettre en évidence des combinaisons de stigmates propres à certaines d’entre elles.
Loin de proposer une « recette magique » pour identifier telle ou telle technique, cette communication entend surtout participer au développement d’une démarche méthodologique générale, dont la mise en œuvre doit nécessairement s’adapter aux caractéristiques des ensembles lithiques examinés.