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Abstract :
[fr] Ainsi que l’ont souligné plusieurs chercheurs, les libelles de la Sainte-Union, parti socialement hiérarchisé, doté d’une pensée politique cohérente et contrôlant de nombreux ateliers d’imprimerie, semblent réunir plusieurs ingrédients de la propagande . Cette communication souhaite vérifier cette hypothèse en étudiant les stratégies éditoriales des catholiques ligués contre Henri III et Henri IV à travers un dossier bien délimité : les « avis au lecteur » que Guillaume Chaudière et Jean Pillehotte ont rédigés en préface de certains libelles diffusés par leurs ateliers.
De fait, ces deux imprimeurs-libraires, le premier parisien et le second lyonnais, se démarquent de leurs confrères en produisant un grand nombre de textes polémiques relevant du document intercepté. Ce procédé repose sur la fiction suivante : un texte compromettant pour les adversaires des ligueurs (le plus souvent, une lettre dans lequel l’ennemi confesse ses sombres desseins) est tombé entre les mains des imprimeurs qui décident de le diffuser par voie de presse, seul ou en recueil. Chaudière et Pillehotte semblent s’être spécialisés dans la production de tels imprimés polémiques et dans la rédaction de textes introductifs dans lesquels ils fournissent au lecteur un certain nombre de clés pour assurer la bonne lecture des documents qu’ils publient.
Sur la base des travaux de Gérard Genette , on envisagera ce péritexte polémique comme le lieu où les stratégies éditoriales sont particulièrement visibles, et on cherchera à cerner les pratiques par lesquelles Chaudière et Pillehotte en ont fait un lieu où contrôler la bonne diffusion du message ligueur. Seront identifiées les fonctions de ces avis au lecteur, leurs interactions avec le texte introduit et la portée politique, religieuse et sociale de telles stratégies.